Énergie Risques de coupure d’électricité cet hiver
Dans un contexte inédit d’arrêt de 18 réacteurs nucléaires, Réseau de transport d’électricité (RTE) avertit ce mardi du risque de « délestages programmés, momentanés et tournants ».
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Faudra-t-il sortir le groupe électrogène pour assurer la traite ? Il faut espérer que non. La situation du pays est inédite cet hiver depuis la création du parc nucléaire français au début des années 1970. À cause de défaillances de réacteurs et de contrôles renforcés, 18 réacteurs sont actuellement à l’arrêt et 13 devraient rester hors circuit en décembre. Pas moins de 9 seront en moyenne hors d’usage durant l’hiver. Dès ce mois de décembre, la capacité de production devrait ainsi être en moyenne inférieure de 11 300 mégawatts (MW) par rapport à l’hiver dernier. C’est 11,5 % de production en moins alors que, dans le même temps, la consommation devrait rester stable.
Les limites du fioul/charbon et des énergies renouvelables
Le recours aux centrales au fioul ou au charbon devrait se révéler faible car des unités ont été fermées ou mises en veilleuse. Du côté des énergies renouvelables, les barrages hydroélectriques sont à un niveau bas. Pour l’éolien et le photovoltaïque, si les capacités progressent de 12 % en un an (18 000 MW installés), leur mobilisation peut apporter un supplément de capacité de 1 900 mégawatts par rapport à l’hiver 2015-2016. Il faudra alors du vent et du soleil. Mais en plein hiver, RTE table sur une disponibilité de seulement 30 %.
L’importation d’électricité a débuté
La nouvelle liaison à courant continu avec l’Espagne doit apporter davantage d’électricité. Le journal Le Monde révèle même dans son édition de ce mardi 8 novembre que l’importation a déjà commencé pour 8 600 mégawatts. C’est l’inverse du plan initialement prévu. Au maximum, les lignes transfrontalières peuvent faire venir jusqu’à 12 200 mégawatts, sous réserve que ce courant soit à vendre.
Vers des mesures exceptionnelles
Face à cette situation, des mesures exceptionnelles vont être mises en place graduellement pour préserver l’alimentation électrique des Français le matin et/ou le soir. Mais elles risquent de ne pas suffire si les températures descendent de 5°C en dessous des normales saisonnières.
La première mesure est l’utilisation du dispositif d’interruptibilité. Elle consiste en l’interruption de la consommation de 21 sites « électro-intensifs » volontaires, c’est-à-dire des entreprises au niveau de consommation très élevées directement reliées au réseau. Cela permettrait de réduire ponctuellement les besoins électriques de 1 500 MW.
RTE va aussi faire appel au geste citoyen. Un dispositif d’alerte sera lancé le 5 décembre 2016. Il fera la promotion de gestes d’économie d’énergie. Il est cependant difficile d’estimer la baisse de demande d’électricité induite.
RTE pourrait ensuite baisser la tension de 5 %, réduisant ainsi la consommation de 4 000 MW (l’équivalent de la consommation de Paris intra-muros et Marseille réunies) sans interrompre l’alimentation électrique des Français.
En cas de déséquilibre extrême entre la consommation et la production, RTE pourrait enfin « avoir recours, en ultime solution, à des délestages programmés, momentanés et tournants qui permettent de maintenir l’électricité du plus grand nombre de clients possibles ». En clair, des coupures temporaires dans certaines zones de manière « tournante ». Hôpitaux, sites industriels à risques et autres clients prioritaires resteraient alimentés. Ces coupures localisées dureraient deux heures au plus. L’entreprise n’indique pas qui serait concerné.
Le cours de l’électricité s’envole
Faudra-t-il s’attendre et anticiper une hausse des factures ? Il est encore difficile de se prononcer. Ces derniers jours, les mauvaises nouvelles accumulées pour EDF ont fait exploser le cours de l’électricité. Le prix à terme du MWh a atteint 191 euros en période de pointe le 4 novembre. Il fluctue habituellement entre 25 et 70 euros selon la saison.
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