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Jusqu’à cet été, on ne connaissait pas son visage. David Forge expliquait son métier d’agriculteur sur internet sans se dévoiler. Caché derrière « La Chaîne agricole », ce céréalier célibataire publie des vidéos tous les mardis depuis un an et demi, tient un site internet (1) et est présent sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram). « Je parle de tout sans tabou : le labour, les traitements, le prix du matériel… Jusqu’alors, je craignais les représailles. La pression de la société est forte contre les agriculteurs. Finalement, je n’ai jamais eu de critique négative dans les commentaires. De plus en plus de détails apparaissaient sur moi. J’étais découvert. Autant montrer mon visage ! »

Ce jeune passionné de 35 ans est plutôt réservé. Mais lorsqu’il est face à la caméra, son discours est éloquent. Pendant 10 minutes, il explique, avec pédagogie et fluidité, toutes les étapes d’une journée de moisson. La vidéo cartonne, avec plus de 34 000 vues en trois semaines ! Près de 4 800 personnes sont abonnées à sa chaîne YouTube.

Passionné de montage

Issu de la génération des agriculteurs qui touchent à tout avant de s’installer, David reprendra la ferme familiale de Saint-Senoch (Indre-et-Loire) l’an prochain, après avoir été deux ans salarié. Il a précédemment été comptable, conseiller bancaire pendant sept ans, et a monté son entreprise de dépannage informatique. « Je créais aussi des sites internet. » Pour lui, le web est un jeu d’enfant.

Cependant, c’est derrière la caméra qu’il est le plus à l’aise. A 20 ans, il voyage aux États-Unis pendant trois mois et découvre le montage vidéo. Depuis, il a troqué « les films souvenirs » pour des « films métiers ». Avec sa petite caméra, une GoPro, son drone et des logiciels qu’il maîtrise parfaitement, il réalise en 2 à 4 heures une vidéo de 10 minutes avec talent. Chaque semaine, il trouve une histoire à raconter. « Je veux montrer mon quotidien aux gens qui ne connaissent pas mon métier. Avec des images simples, loin des préjugés. Nous sommes quelques agriculteurs à faire ça, comme « Thierry l’agriculteur d’aujourd’hui » ou « Gilles VK ». Il faudrait que nous soyons plus nombreux et j’invite ceux qui le souhaitent à m’envoyer leurs vidéos. Les agriculteurs doivent prendre leur communication en main ! »

(1) Chaineagricole.fr