Le billeTd’édouardde frotté Le billeTd’édouardde frotté

Ils ne sont pas encore face au ministère, rue de Varenne, mais ils s’en approchent. Trente-quatre départements sont déjà envahis par les loups, des milliers de brebis sont mortes, blessées, avortées et tous les moyens de préventions se sont révélés inefficaces. Les éleveurs sont découragés, prêts à abandonner les estives à la friche. Au nom de la convention de Berne et pour plaire à des citadins à l’abri d’une écologie livresque, une part de notre patrimoine s’en va à la dérive. On évoque la biodiversité mais le loup n’en a cure, qui se fait un festin des hôtes de la montagne. Pourquoi le protéger et détruire le frelon asiatique qui s’attaque aux abeilles ?

Qu’il soit chez lui dans les vastes espaces sibériens, ça se comprend. Mais parmi nos moutons, c’est comme de vouloir réveiller l’ADN de mammouths congelés pour les voir se promener sur nos chemins de randonnées ! On parle d’aider l’élevage, mais plus de vingt millions sont gaspillés en indemnités et moyens de préventions inefficaces. Développe-t-on le tourisme ? L’accès aux estives devient risqué pour les promeneurs mordus du loup, mordus du chien, qui ne les distingue pas des prédateurs. Craint-on les incendies ? Le retour de la friche y incite. Veut-on enfin détruire des emplois en s’attaquant à la production ovine ? En arrière-plan, on sent cet esprit prétentieux qui, au nom du progrès, suggère que nos ancêtres étaient frustres et ignorants. Eux qui, parfois, village au complet et curé en tête (1), partaient sus au loup ! Car du fond des âges, nous viennent des légendes issues de la vie réelle et si, pour apaiser sa faim, le loup plongeait jadis ses crocs dans la chaire fatiguée de mère-grand, craignez qu’il ne le fasse un jour dans celle plus tendre du Chaperon rouge lui-même.

(1) « Du curé je vois la soutane, vient-il en chasse ? Et vraiment, oui ! Il gesticule avec sa canne, pour faire signe d’aller à lui.» Vieille chanson du XVIII^e siècle...