le billetd’Édouardde frotté le billetd’Édouardde frotté

vec l’urbanisation galopante, il est de bon ton de faire croire que la culture maraîchère sera pratiquée, non plus dans les pourtours mais au cœur des villes. On y élèvera même des insectes qui remplaceront le beefsteak. Les avantages en seront multiples : fraîcheur des produits, suppression de toute distance entre producteur et consommateur, moindre risque de contamination par la main de l’homme... Les salades, par exemple, arrivant sur tapis roulant, et, cerise sur le gâteau, cela développera le lien social entre l’agriculteur et le citadin.

Ce qu’on voit mal, c’est le coût de la dépense énergétique, l’électricité remplaçant le soleil et l’eau de ville se substituant à l’irrigation rurale, sans oublier les risques afférents à la pollution urbaine. On ne perçoit pas bien non plus l’adaptation de techniques innovantes comme des drones survolant les grands boulevards ! On imagine mal encore le paysan au revenu modeste, logé, lui et ses outils, dans des locaux de 5 000 à 10 000 € le m², à moins qu’on ne le condamne quotidiennement au RER. Enfin, évoquer le lien social peut prendre des tournures de lien publicitaire. Voici trente ans, on pouvait à Paris, rue du Bac, apercevoir les pensionnaires d’un couvent plantant des choux dans le jardin. Vu le coût du m², on n’a jamais calculé le prix du chou dans l’assiette.

Certains à la télé proclamaient alors « Adieu coquelicots » dans les champs. Ils voyaient aussi des tours orientables comme des tournesols pour accélérer la maturation. Les projets de tours pivotantes ont fait long feu et les coquelicots sont revenus dans les blés.

Demain, on ramassera des fraises sur le toit des Galeries Lafayette, puisqu’on trouve bien des vignes à Montmartre. De là, à ce qu’elles concurrencent celles de Saint-Émilion, attachées à leur terroir comme le sont tous les produits de l’agriculture française.