Le billetd’ÉdouardDe Frotté Le billetd’ÉdouardDe Frotté

Connaissez-vous les macrovertébrés ? Sans leur avoir été présenté, j’ai fait leur connaissance lorsque, quand j’étais maire d’une commune rurale, la défunte DDA m’interdit de changer un fossé de place, alors qu’il était opportun de le faire pour viabiliser un lotissement. L’argumentation me laissa pantois : on avait décelé dans ce fossé des macrovertébrés, aliments chers aux truites, paraît-il, et s’il y avait des truites, c’est que ce que j’appelais fossé, pourtant à sec plus de six mois de l’année, était bien un cours d’eau alimentant la rivière voisine !

Ce souvenir m’est revenu lorsque j’ai appris récemment qu’un jeune collègue en magistrature locale risquait une condamnation parce qu’il avait fait curer sans autorisation un fossé, pour éviter les drames de l’inondation. Je sais bien que ma petite aventure relevait plus de la galéjade quand la sienne pouvait être du domaine de la catastrophe. Il n’empêche, le règne administratif, capable d’absurdités, peut nous retourner ensemble de guerre lasse contre le pouvoir politique, que nous avons cependant élu démocratiquement.

Et pourtant, il suffirait d’un minimum de bon sens pour éviter des situations conflictuelles, mues le plus souvent par des connaissances essentiellement livresques. Ainsi en va-t-il de la vision obsessionnelle d’une eau courant sans entraves à la mer et détruisant au passage étangs et vieux moulins, dans l’espoir, dit-on, de faire remonter le saumon, alors que les retenues d’eau sont des conservatoires de milieux humides, d’une flore et d’une faune exceptionnelles, de ressources aquifères indispensables, d’éléments du patrimoine, de potentiel énergétique, etc.

Il me souvient qu’un peu de vase ayant assombri la rivière, on me dit que la pêche s’en trouvait affectée. C’est pourtant là que, suivant le poisson, on trouvait les pêcheurs, et non au bord de l’eau claire !