Le billet d’Edouard De Frotté Le billet d’Edouard De Frotté
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«Mille hectares ! Il y a mille hectares !.. » Un petit Nicolas revient d’une tournée « escolaire » à Versailles. « Qu’as-tu vu ? », demande le père. « Le matin, on s’est regardés dans les glaces. Et après ? – On est allés manger dans le taillis. – Et après ? – On a donné du pain aux carpes. – Et après ? – On est rentrés… » La tournée versaillaise de l’école primaire avait-elle manqué de préparation ? Ce n’est pas sûr, car en d’autres circonstances, avant que des élèves ne visitent une vieille demeure de la Renaissance, la maîtresse me disait : « Vous allez voir, ils vont vous interroger sur le XVIe siècle, car les guerres de religion, François Ier, Henri IV les passionnent… » J’attends remarques et questions. Elles fusent en tirs groupés : « Ati un souterrain ? – Ati un trésor ? – Ati un labyrinthe ? – Ati des oubliettes ? – Ati des revenants ? »
Loin de moi toute critique de l’école, qui tira de l’ignorance des générations entières. Loin de moi, plus encore, toute charge à l’encontre des enseignants, le plus souvent remarquablement dévoués, en dépit de rémunérations médiocres. La question est de savoir si les continuelles « refondations » dont se gargarise l’Éducation nationale préparent les enfants à l’univers qui les attend. Ces refondations paraissent souvent conduites par des préoccupations d’adultes, offrant une vision limitée au dilemme « possession-revendications ».
Or, l’éducation qui précède et valorise l’enseignement ne peut faire abstraction de la qualité du milieu familial, qui sert de levier à tout apprentissage. Seul est gage de réussite le couple famille-école qui mêle à la connaissance le rêve dans la continuité. Sinon, les petits Nicolas risquent de tomber dans un refus stérile ou de se contenter à longueur de vie de « donner à manger du pain aux carpes ».
Pour accéder à l'ensembles nos offres :