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Lait : l’Allemagne table sur un plan de Lait : l’Allemagne table sur un plan de réduction volontaire

Les Länder proposent des compensations financières, mais l’industrie et le gouvernement fédéral font le gros dos.

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Àla mi-avril, les ministres de l’Agriculture des Länder allemands ont tapé du poing sur la table. Ils ont sommé la filière lait de résoudre « d’ici à l’été » la grave crise que traverse le secteur. Ils recommandent un plan volontaire de réduction de la production, avec un bonus financier pour les exploitants jouant le jeu. Le cas s’est présenté en début d’année. La laiterie néerlandaise Friesland-Campina, confrontée à une impasse de ses capacités de transformation, a versé une prime de 2 centimes/kg aux producteurs réduisant leurs livraisons. Les Länder, en première ligne sur l’agriculture dans le système fédéral allemand, se disent prêts à apporter une contribution pour organiser les compensations.

+ 8,6 % par rapport à 2012

Comme en France, les éleveurs d’outre-Rhin souffrent de la surproduction et travaillent à perte depuis de longs mois. Le prix du lait avoisine 25 c/kg, parfois même moins dans l’est du pays. Les producteurs ayant investi pour préparer la fin des quotas laitiers sont pris à la gorge. Malgré des exportations de produits laitiers records en 2015, la perte de débouchés en Russie et en Asie et la hausse des importations compliquent l’affectation des volumes sortis des trayeuses. La production laitière a culminé à 31,5 Mt l’an passé (+ 8,6 % par rapport à 2012).

 

Réunion en mai

Si les résultats ne sont pas au rendez-vous, la branche risque l’usage de l’arme atomique : une réduction de production ordonnée par le pouvoir politique, sans aucun dédommagement, prévue par l’article 221 de l’Organisation commune des marchés de l’UE. Une idée soutenue par Paris. « Il faut voir ce que Bruxelles fera. Ce n’est pas comme si tout le monde en Europe suivait les propositions françaises », tempère Björn Börgermann, expert de la fédération allemande de l’industrie laitière (MIV), opposée au plan de réduction volontaire. Il doute que les Pays-Bas ou l’Irlande, qui ont drastiquement augmenté leur production, jouent le jeu. Le ministre fédéral de l’Agriculture Christian Schmidt est sur la même longueur d’onde. Il juge les bonus trop coûteux et privilégie des aides de trésorerie. Le coup de colère des Länder ne le lie pas juridiquement. Mais il est sous pression : il va réunir la filière d’ici à la fin mai.

Les réserves de Berlin ont de quoi faire enrager le syndicat d’éleveurs BDM. « L’attentisme a déjà coûté 30 milliards aux producteurs en Europe », lance Hans Foldenauer son porte-parole, partisan de mesures harmonisées au niveau européen. La possibilité de conclure des ententes entre les laiteries et les producteurs, ouverte par Bruxelles, ne lui paraît pas de taille à résoudre la crise : « Il n’est pas possible de négocier dans l’état actuel du marché. » Les laiteries subissent la pression des distributeurs pour vendre les produits transformés. Le salut pourrait venir à moyen terme de Chine. Le géant asiatique compte augmenter ses importations de 43 % d’ici à 2020.Luc André

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