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L’industrie incapable de collecter tout L’industrie incapable de collecter tout le lait italien

La plupart des éleveurs italiens sont opposés à la diminution de la production demandée par Bruxelles. Ils estiment que leur pays n’est pas autosuffisant.

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Fin mars, Francesco Zanardelli s’est demandé s’il n’allait pas envoyer ses 600 vaches laitières à l’abattoir. Depuis 25 ans, il fournissait Auricchio, fabricant italien de fromage d’envergure internationale (200 millions d’euros de chiffre d’affaires). Le dernier contrat signé, pour la période allant du 1er janvier au 31 mars, rémunérait le lait à 0,36 € HT/l, plus prime qualité. À quelques jours de la fin de la campagne laitière, les bruits couraient que Auricchio n’achèterait plus qu’à 0,32 €/l. Mais Francesco et ses trois fils n’ont pas eu à se demander s’ils allaient s’en sortir avec ce tarif inférieur à leurs coûts de production, puisqu’il leur a été annoncé que le contrat n’était pas renouvelé. Malgré leur fidélité, la laiterie ne les collecte plus depuis le 1er avril au motif qu’elle a trop de lait. Chaque jour, 280 000 litres ne trouveraient pas preneur en Italie.

« Trop de lait importé, et moins cher surtout ! » traduit Francesco. Pourtant, l’élevage familial, situé dans la province de Brescia, n’a pas augmenté sa production à la fin des quotas, ni dépassé sa référence, qui était de 7 millions de litres. Ils sont, comme les syndicats agricoles italiens, formellement opposés à la limitation de la production laitière nationale demandée par la Commission. « L’Italie n’est pas autosuffisante, les indus­triels importent 30 % de leurs besoins. Entre 2014 et 2015, la Péninsule n’a augmenté sa production que de 5 %, et ce serait à nous de limiter nos volumes. C’est injuste ! Que les pays qui ont explosé leurs volumes (Irlande, Pays-Bas) les réduisent, pas nous ! » déclarent-ils amers.

Importations

Les éleveurs italiens le savent, ils ne sont pas compétitifs sur les marchés européens, mais leurs produits laitiers transformés se vendent bien. Les industriels n’hésitent pas à transformer dans la Botte du lait et de la poudre de lait étrangers, pour les vendre comme fromage italien. D’où la première revendication des syndicats d’une plus grande transparence sur les étiquettes.

Dans l’immédiat, le lait des Zanardelli est collecté pour trois mois par la coopérative Virgilio, qui le transforme en lait UHT pour le revendre sous forme de lait de la solidarité, dans le réseau des marchés de plein air du syndicat Coldiretti. Elle récupère ainsi les 100 000 l par jour qui ne trouvent pas preneur.

À moyen terme, pour conserver un prix rémunérateur, les frères Zanardelli envisagent une conversion en bio. L’an dernier, une étable sur cinq a mis la clé sous la porte.

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