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Les feed-lots brésiliens obligés de serr Les feed-lots brésiliens obligés de serrer les coûts

Le pays du plus grand cheptel bovin devrait voir doubler le nombre de têtes en parcs d’engraissement d’ici 2023. Le point sur les enjeux de cette méthode, qui implique d’être performant sur l’alimentation.

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Avec plus de 40 millions de têtes, le Brésil est le premier exportateur de viande bovine. Près de 90 % du cheptel est élevé en pâturage mais les feed-lots rassemblent aujourd’hui 4 millions de bêtes (10 %), avec 12 à 15 m2 par tête. Une pratique dont le Brésil a été pionnier, il y a plus de trente ans. Pour Adolfo Fontes, analyste en protéines animales pour Rabobank, banque néerlandaise spécialisée dans les investissements agricoles, la capacité des feed-lots au Brésil devrait doubler dans les dix prochaines années, passant de 4 à 8 voire 10 millions d’animaux.

2 kg par jour

Le principal avantage réside dans la prise rapide de poids de l’animal. De 150 jours il y a deux décennies, la période de confinement est aujourd’hui en moyenne de 90 jours. Le zébu Nelore, l’espèce la plus répandue, atteint 400 à 580 kg en moins d’un an avant d’être abattu. « Confinés, mes bœufs prennent 2 kg par jour pendant cent jours », explique Paulo Eduardo Garcia, qui dédie 2 des 380 hectares de sa fazenda au confinement, à Jaboticabal, dans l’État de São Paulo. C’est surtout pendant la saison sèche que les producteurs confinent leur bétail, d’avril à septembre, quand l’herbe se fait plus rare, réduisant ainsi les déplacements des animaux.

L’alimentation, premier poste de dépense dans les feed-lots, varie radicalement selon les régions, mais se partage entre rations à base de maïs et de protéine de soja et bagasse de canne à sucre. Conséquence : le sédentarisme évite le développement des muscles et offre une viande plus tendre.

20 % plus coûteux que le pâturage

Mais suite à l’augmentation des prix du maïs et du soja, le coût du confinement bovin en 2016 devrait bondir de 26 à 32 %, selon les projections d’Agroconsult, spécialiste de l’agrobusiness au Brésil. Un animal nourri pour 6 reals (1,40 euro) en 2015 consommera 7,55 reals (2,20 euros) en 2016. Cette hausse ne devrait pas nuire aux marges des éleveurs. Selon l’association brésilienne de bovins Senepol, la pulpe d’agrumes en pastilles remplacerait une partie des rations.

De 20 à 35 % plus coûteux que le pâturage, c’est surtout le manque de flexibilité par rapport au marché qui est l’enjeu clé de la viabilité des feed-lots, selon Bruno de Souza de l’Assocon, association de confinement des bovins qui regroupe 85 producteurs. Avant de confiner leurs bêtes, les éleveurs négocient le prix de la carcasse avec les entreprises frigorifiques et n’ont que quelques jours pour les vendre au prix du marché.

Entre récession économique et envolée du prix de la viande bovine, les avancées génétiques et les méthodes de gestion sont suivies de très près par la filière. En juin prochain, à la « Beef Expo » de São Paulo, plus grand événement du secteur en Amérique latine, les techniques de feed-lots seront l’une des attractions principales.

 

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