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Ile-de-France Inondations : « Stop aux mesurettes ! »

Les agriculteurs touchés réclament une aide financière d’urgence.

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Victime des inondations, Jean-Claude Guéhennec n’a pas le choix : « On me demande ce qui me fait tenir. Mais je suis obligé de me battre. J’ai mon fils derrière moi, une dizaine de salariés… » L’émotion est palpable à Le Mesnil-le-Roi, dans les Yvelines, où les deux seuls maraîchers de la commune ont été touchés de plein fouet. « J’ai tout perdu », reprend Jean-Claude Guéhennec, producteur de légumes, dont une dizaine de variétés de salades. À 55 ans, il se donne deux options : déposer le bilan puis se relancer, ou tout arrêter. Pour l’heure, il ramasse des carpes d’une vingtaine de kilos qui ont échoué sur sa trentaine d’hectares inondés par la Seine, sur les 32 ha exploités. « Tout pourrit, on ne distingue plus les cultures. Nous faisons des tranchées pour tenter d’assainir le terrain. Avec toutes ces carpes, je crains les risques sanitaires. » Et aussi la perte d’un chiffre d’affaires d’une année. Le maraîcher réclame à l’État « une aide d’urgence en monnaie trébuchante. Des prêts à taux à zéro, des mesurettes, on n’en veut plus. Des collègues, touchés à 10, 20 ou 40 %, sont à la limite de l’indemnisation. Certains sont si désespérés qu’ils me disent : ''On préférait être dans ton cas'' . »

Christophe Lanneau, céréalier à Chevannes, dans l’Essonne, se souviendra toute sa vie de la nuit du 3 juin : « J’habite une petite longère. L’eau est arrivée d’un seul coup par la cour et le jardin ». Quinze jours plus tard, ses meubles sont toujours sur parpaings et certaines de ses parcelles sous l’eau. Les experts se suivent, mais il est enore tôt pour évaluer. « On a de la flotte jusqu’à la taille dans certaines parcelles », déplore-t-il.

Fossé non entretenu

Exploitant sur 150 hectares, Christophe oscille entre l’abattement et la colère. Il n’y a pas de cours d’eau à proximité de ses terres. Pour lui, c’est un fossé qui est en cause. « L’Administration le considère comme un cours d’eau. Si j’avais pu l’entretenir, j’aurais pu limiter les dégâts. » Il dénonce le laxisme ambiant. « Tout le monde nous surveille, mais personne n’entretient ces cours d’eau. » Il déplore aussi les déchets jetés dans les fossés : « Nous sommes en zone urbaine. Tout est toujours bouché. » Des risques de maladies menacent ses cultures. « Je n’ai aucun exutoire pour évacuer l’eau. J’ai fait le tour des bassins de rétention d’eau du coin. Mais aucun ne peut la recevoir, faute d’être entretenu. »

 

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