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Lorraine « On se bat pour les suivants »

Dominique Marchal, qui demandait réparation à l’État pour sa maladie imputable aux pesticides, a été débouté le 21 avril.

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« Nous sommes peut-être considérés comme des pollueurs. Mais il faut se mettre de l’autre côté de la barrière : les agriculteurs ont fait confiance aux fabricants des produits que nous manipulions. » Dominique Marchal est atteint depuis 2002, d’un syndrome myéloprolifératif, s’apparentant à une leucémie. Il vient d’être débouté par le tribunal de Metz de sa demande d’indemnisation auprès du « Fonds de Garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions ». Le 21 avril, lorsqu’il apprend le verdict, l’agriculteur de 58 ans est secoué : « Ce verdict nie le lien de causalité entre les produits et ma maladie. Pourtant, ce lien avait été reconnu en 2014 par le tribunal de Nancy, qui établissait les fautes des fabricants et jugeait recevable ma demande d’indemnisation. » Un jugement cassé en 2014 au motif que la réglementation était désormais plus « douce ». Dominique Marchal a aussi été le premier agriculteur en 2006 à obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle, et à être ainsi déclaré invalide à hauteur de 35 % par la MSA.

Pour Dominique Marchal, ce verdict est surtout la négation de l’impact de la maladie sur son métier. En Gaec à quatre associés sur une exploitation de 580 ha en polyculture-élevage, il avait en charge le suivi des cultures. « Depuis 2002, je ne peux plus réaliser les traitements phyto. Nous avons dû embaucher un salarié pour me remplacer. Il a accepté en toute connaissance de cause, mais c’est une décision pas facile à prendre, car on culpabilise aussi… »

Fabricants « absous »

Pour lui et l’association Phyto-victimes dont il est le vice-président, la décision du tribunal absout également les fabricants des fautes commises en matière d’informations sur les précautions à prendre. « Mon épouse, qui me soutient sans faille depuis 14 ans, a passé des heures à récupérer des étiquettes de bidons, à répertorier la liste des composants, souligne-t-il. Mais il était impossible de nous retourner contre les firmes, trop nombreuses, sachant que certaines ont disparu depuis 14 ans. »

Aujourd’hui, Dominique Marchal peut se pourvoir en cassation. « Sans doute trop lourd au plan financier, estime-t-il. Mon combat va se poursuivre au sein de Phyto-victimes pour que justice soit faite pour d’autres cas que le mien. »

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