Indre Des Chinois achètent 1 700 ha
En quelques mois, un groupe chinois a acheté cinq fermes.
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Après le vin et le lait, les investisseurs chinois s’intéressent aux céréales. Dans l’Indre, cinq exploitations ont été achetées par une société chinoise, Hongyang, de Hongkong, ou par son gérant en nom propre. Au total, environ 1 700 ha ont ainsi changé de main à Clion, Châtillon-sur-Indre, Vendœuvres et La Berthenoux. Il s’agit d’exploitations de taille très différentes, de 100 à 1 000 ha, qui appartenaient déjà à des investisseurs étrangers ou à des agriculteurs en difficulté. L’objectif des acheteurs ? Pour Gilles de la Poterie, l’agent en transactions immobilières qui a réalisé les ventes, c’est tout simplement de produire. « Ces industriels sont pour la plupart issus du monde agricole. Ils souhaitent exploiter les terres pour exporter les céréales vers leur pays. » Un chef de culture et des ETA assurent le travail. Ce modèle pose problème au président de la chambre d’agriculture, Robert Chaze : « Ce qui est déplorable, c’est qu’ils ne sont pas présents sur le territoire et ne s’impliquent pas dans la vie locale. »
Ces ventes de parts de société se sont faites en toute légalité, sans aucun contrôle de la Safer (lire l’interview) et font bondir les syndicats. À l’image de Philippe Ribault, président de la Coordination rurale du Centre : « C’est choquant de voir que certains roulent à 200 km/h, sans aucun radar, alors que la réglementation française est un labyrinthe pour la majorité des agriculteurs. » Même position pour la Confédération paysanne qui dénonce depuis des années le non-contrôle des structures sociétaires et le manque d’installation.
Double discours
Ce phénomène crée des doubles discours dans la plaine. D’un côté, les représentants des agriculteurs sont vent debout contre ces ventes. De l’autre, des exploitants, embourbés dans la crise agricole, y voient une issue de secours. Après la diffusion d’un reportage sur TF1, des vendeurs de biens ont reçu plusieurs appels d’agriculteurs qui souhaitaient vendre aux Chinois ! Pour Mathieu Naudet, président des Jeunes agriculteurs de l’Indre : « Il est honteux que ce soit des agences immobilières et des centres de gestion français qui organisent le pillage de notre pays. » Mais il ne souhaite pas s’étendre sur le sujet. « Plus on en parle, plus on fait de la pub aux Chinois… et plus le prix du foncier risque d’augmenter, ce qui est problématique pour installer des jeunes. »
À combien les Chinois ont-ils acheté les terres ? Agacé par les rumeurs, Gilles de la Poterie affirme avoir vendu une propriété de 370 ha, avec un corps de ferme, deux habitations et du stockage à 3,3 M€, soit un foncier autour de 7 500 €/ha. Même si ce prix se situe dans une fourchette haute, il n’est pas déconnecté des prix du marché local. « Les Chinois ne sont pas les seuls responsables de l’augmentation du prix du foncier, estime Nicolas Calame, porte-parole de la Confédération paysanne de l’Indre. Certains agriculteurs n’hésitent pas à acheter des terres à plus de 12 000 €/ha. »
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