Glyphosate un dossier à tiroirs Glyphosate un dossier à tiroirs

Réautorisera, réautorisera pas ? C’est une bataille lourde d’enjeux qui va se jouer dans les prochains mois à l’échelon européen autour du renouvellement du glyphosate, une molécule emblématique à plus d’un titre (lire page 14). Non seulement c’est la matière active la plus utilisée au monde, mais elle n’a quasiment pas d’équivalent en matière de désherbage chimique. Surtout, elle symbolise tout ce que les ONG environnementales détestent le plus : les OGM et Monsanto qui en a été son inventeur, même si le brevet du glyphosate est tombé. Pas étonnant qu’elles soient farouchement à la manœuvre, d’autant qu’elles y voient une occasion en or de tacler l’agriculture intensive. Cette singularité explique, pour une part, les passions que cette affaire déchaîne, ce dossier n’étant plus seulement scientifique mais aussi très politique. En témoigne le vote reporté en comité d’experts le 8 mars.

Pour compliquer les choses et ajouter à la confusion ambiante, la science, justement, n’apparaît pas unanime sur le sujet puisque le Circ (organe dépendant de l’OMS) l’a récemment classé « cancérogène probable », tandis que l’Efsa, l’autorité européenne de santé des aliments, estime ce risque « improbable ». La différence, indique l’Efsa, provient du fait qu’elle ne s’est penchée que sur la substance active, tandis que le Circ évalue la formulation dans son ensemble. Les co-formulants justement, notamment la tallowamine, seraient ce qui peut poser problème, selon l’Anses, l’agence en charge de l’évaluation nationale des phytos. On aimerait y voir clair, messieurs les experts !

Sur un plan agronomique, beaucoup estiment que l’agriculture aurait du mal à se passer de glyphosate. Et certains seront sans doute surpris de réaliser que l’agroécologie elle-même (via l’agriculture de conservation, lire page 11 ) serait impactée par un retrait total de la substance active. Comme quoi, il faut se garder de toute approche manichéenne ou dogmatique...