Pullulations incontrôlées de nuisibles Pullulations incontrôlées de nuisibles

«Parc naturel des rats taupiers », voilà le panneau qui a été dressé dans le Cantal, le long de la RN 122. Un affichage qui en dit long sur l’état d’exaspération et d’impuissance des éleveurs face aux pullulations de campagnols terrestres dans leurs prairies. Un sujet dont s’empare une nouvelle fois La France agricole (lire page 14), même s’il n’existe pas de solution miracle quand le rongeur est au pic de sa prolifération. Des années que le problème enfle, avec de graves conséquences économiques et morales, d’autant qu’il concerne aussi les plateaux d’estive, traditionnels garde-manger des troupeaux. En ce début de XXI^e siècle, si marqué par la technologie, l’affaire paraît anachronique et nous ramènerait presque au Moyen-Age. Du reste, la population locale commence elle-aussi à ruer dans les brancards face aux risques sanitaires que peuvent engendrer de tels niveaux de campagnols, notamment pour l’eau et ses captages.

Ce constat d’alerte peut être dressé ailleurs pour d’autres espèces dont on a perdu le contrôle à force de sous-estimer leur faculté à croître : ragondins, corbeaux, pigeons, etc., sans oublier parfois celles que l'on n’attendait pas comme les cygnes (lire page 10) ou le xénope lisse, un amphibien invasif introduit accidentellement en Deux-Sèvres.

Il faut dire aussi qu’en matière de régulation, il faut désormais donner dans le « très light ». Le signe qu’une certaine vision de la nature, où l’homme n’est autorisé à intervenir qu’a minima, est en train de s’imposer au sein de l’administration. C’est ainsi que le piégeage est de plus en plus limité, que la lutte chimique est de plus en plus proscrite. La bromadiolone, par exemple, est désormais strictement encadrée et son utilisation ressemble à un vrai parcours du combattant dissuasif. Face à une circonstance aussi exceptionnelle que cette prolifération, ne pourrait-on pas desserrer un peu l’étau à titre dérogatoire ?