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Les vaches produisent du lait et de l’él Les vaches produisent du lait et de l’électricité

Chez la famille Guérin, la méthanisation, lancée en 2011, a permis de doubler le chiffre d’affaires et d’assurer le développement de l’exploitation.

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Bertrand Guérin, agriculteur à Nojals-et-Clotte (Dordogne) avec son frère et son neveu, en est convaincu, « les déchets d’origine agricole constituent un énorme gisement d’énergie renouvelable ». Après des années de réflexion, la famille s’est lancée dans un projet de méthanisation agricole pour valoriser les effluents d’élevage. D’une part en énergie, et d’autre part en digestat, produit résidu de la méthanisation, avec un fort potentiel fertilisant. Son installation, actuellement d’une capacité de 235 kilowattheures (kWh), est raccordée au réseau depuis l’automne 2011. Cinq ans après la mise en service, Bertrand Guérin ne regrette rien, même si elle a nécessité un investissement de 1,4 million d’euros, financés par l’emprunt et 483 000 euros de subventions (État et Europe).

180 têtes de bétail, dont 90 vaches en lactation, fournissent les deux tiers de la matière qui alimente les deux digesteurs où s’élabore le processus de méthanisation. Il faut y ajouter des déchets d’usines agroalimentaires. Il s’agit de deux usines de maïs doux proches, et de résidus de fabrication de fromage de la laiterie des Chaumes, à Saint-Antoine-de-Breuilh. Les lisiers, fumiers et autres déchets ne servent pas uniquement à produire du biogaz transformé en énergie électrique. Le réseau chaleur alimente les cinq maisons du hameau familial et la salle de traite. Les exploitants récupèrent des résidus solides, qui constituent un excellent compost pour les 15 ha de vergers de noyers et les 8 ha de châtaigniers. Quant aux résidus liquides, ils retournent aux sols dans le cadre d’un plan d’épandage (8 000 m3 par an).

Chez les Guérin, la méthanisation s’inscrit depuis le départ dans une réflexion globale de conduite de l’exploitation. « Nous avons revu notre façon de travailler, notre organisation et réorienté notre système fourrager, précise Bertrand. Nous sommes autonomes pour l’alimentation animale avec nos productions fourragères (luzerne, ray gras et prairies naturelles) et quasi autonomes pour les protéines. » L’exploitant estime que la méthanisation et l’élevage sont des activités complémentaires, qui constituent un modèle économique performant.

De 1,5 à 4 UTH aujourd’hui

« Cette diversification a permis de dégager des revenus supplémentaires, poursuit Bertrand Guérin. Nous avons diminué les coûts de production en réduisant le recours aux fertilisants. Le chiffre d’affaires de cette activité représente 325 000 euros. Depuis la mise en service de la station, mon frère Patrice est passé d’un mi-temps à un temps-plein, et nous avons embauché un salarié. »

L’atelier lait s’est développé et produit désormais 850 000 l. « Le prix du lait se situe autour de 305 € les 1 000 l, alors que le prix de base n’est qu’à 267 €, ajoute-t-il. Mais il n’a jamais été question d’abandonner le lait, nous restons éleveurs dans l’âme. » La méthanisation a permis de doubler le chiffre d’affaires de l’entreprise : de 500 000 € à 1,112 million aujourd’hui. Depuis janvier 2014, Mathieu, le fils de Patrice, a rejoint la ferme. Son installation a nécessité une augmentation des surfaces. La SAU est passée de 95  à 155 ha, et sera complétée prochainement par l’acquisition de 12 ha.

L’arrivée de la jeune génération est bénéfique. Elle s’accompagne de la mise en place d’une nouvelle production, le maïs semences. Cela a permis de reprendre des surfaces contiguës à l’exploitation, laissées vacantes par des agriculteurs arrivant à la retraite sans successeur. « Avant, nous n’avions qu’une trentaine d’hectares d’un seul tenant autour de la ferme, aujourd’hui, ce sont près de 90 ha, souligne l’agriculteur. C’était un handicap, qui occasionnait des coûts supplémentaires de transport et de manutention. Le temps et la productivité ainsi gagnés sont importants. Conduire quatre productions aussi diversifiées implique du travail et des contraintes supplémentaires. » La polyvalence permet de limiter l’astreinte lors des week-ends et de bénéficier de congés. « Tout cela n’aurait pas été possible sans la méthanisation », affirme-t-il.

Bertrand Guérin, membre de l’Association nationale des agriculteurs méthaniseurs, veut croire à un modèle de méthanisation de type agricole. La réduction des gaz à effet de serre est réelle et bénéfique pour l’environnement. « Selon la dernière étude, notre unité évite le rejet dans l’atmosphère de 1 200 tonnes équivalent CO2 », souligne-t-il.

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