Développer l’accueil sur le chemin de Sa Développer l’accueil sur le chemin de Saint-Jacques
Pour compléter le revenu tiré de ses aubracs, Alain Trauchessec a créé avec sa femme Véronique, des chambres et une table d’hôtes.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
À partir d’avril, les journées d’Alain Trauchessec s’accélèrent. « À 16 h 30, je dois avoir fini le travail sur l’exploitation pour rejoindre le gîte situé dans le village, où j’accueille les randonneurs qui parcourent le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle (1). C’est un nouveau métier, riche en contacts mais très prenant », explique l’agriculteur, installé à Saint-Alban-sur-Limagnole, en Lozère.
Dans une première vie, il a travaillé dans une banque avant de se décider à devenir éleveur. « Enfant, je passais toutes mes vacances à la ferme de mes grands-parents et je rêvais d’élever un jour des aubracs », raconte-t-il. Après quatre années de recherche, il a trouvé en 1996 un éleveur sans successeur qui lui a fait confiance. « Il m’a cédé ses 98 ha en fermage. Je lui ai racheté son matériel et ses 30 vaches aubracs », précise Alain.
Pour valoriser ce troupeau, il a de suite misé sur la vente directe. « J’ai commencé par la famille et les amis, puis j’ai développé mon réseau par le bouche-à-oreille. » Aujourd’hui, les abattages de vaches finies et de veaux sont regroupés à la fin mars et fin octobre. Alain fait faire la découpe à l’atelier du supermarché voisin. « Leur boucher travaille bien. L’abattage, la découpe et la confection des colis me reviennent à 2,2 €/kg de carcasse. »
Il réserve à l’avance un camion frigo à la Cuma. En une semaine, il livre ses clients dans l’Hérault, le Puy-de-Dôme et Paris. « J’arrive ainsi à proposer des prix qui restent accessibles aux consommateurs, malgré la distance. Mais tout doit être bien planifié », souligne Alain. Transport compris, il vend la viande de bœuf à 13 €/kg et celle de veau à 14,50 €/kg.
Son système d’élevage est économe. « Je veille à utiliser l’herbe au bon stade. Je produis les céréales nécessaires à l’engraissement et je n’achète que de la paille et un peu d’aliments pour les veaux », note Alain. En valorisant bien ses animaux, il dégage une marge brute de 780 €/UGB. Mais ses charges de structure restent élevées. « J’avais besoin d’un complément de revenu. J’ai d’abord envisagé de chercher un emploi à mi-temps. Puis, avec ma femme Véronique, enseignante, nous avons décidé de nous lancer dans l’accueil. »
Deux activités complémentaires
De nombreux randonneurs passent au village qui est situé sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pour les recevoir, Alain et Véronique louent depuis 2014 une maison communale. « C’était un ancien internat inutilisé. La mairie a aménagé cinq chambres. Nous les avons équipées, ainsi que la cuisine et la salle à manger », détaille-t-il.
De novembre à mars, le lieu est loué en gîte autonome pour la semaine ou le week-end. D’avril à octobre, Alain et Véronique y proposent des chambres d’hôtes en demi-pension. Au menu, les viandes de l’exploitation, de la charcuterie et des confitures maison. « C’est très convivial. Nous mangeons avec nos hôtes. Sur le chemin de Saint-Jacques, il y a des randonneurs du monde entier, chaque soirée est différente ! », note Alain, qui apprécie ces rencontres.
À travers cette activité d’accueil, Alain noue des contacts utiles pour développer la vente directe. « J’ai déjà étoffé ma tournée sur Paris, et j’en ai une en projet sur Lyon. Cela me permettrait de ne plus vendre de broutards », précise-t-il. Engagé dans une conversion en bio, il prévoit de valoriser des veaux jeunes dans une filière spécifique. « En les gardant moins longtemps sur l’exploitation, je libérerai des ressources fourragères pour élever quelques vaches de plus. »
Depuis que leurs chambres d’hôtes sont référencées dans les guides du chemin de Saint-Jacques, la clientèle se développe rapidement. « Nous commençons à saturer, nous allons devoir nous réorganiser au niveau du travail. L’accueil me plaît beaucoup, mais je ne veux pas négliger mon troupeau. Ma femme envisage de prendre sa retraite. De mon côté, je vais faire appel plus souvent au salarié du groupement d’employeurs auquel j’adhère. Puis, je rechercherai un associé à qui je pourrai transmettre l’exploitation. »
(1) www.lesdraillesmargeride.wix.com/site
[summary id = "10018"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :