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Luxembourg : le pari du lait Luxembourg : le pari du lait

Avec l’arrêt des quotas et parce que le potentiel de ses terres est faible, Guy Feyder va augmenter sa production laitière et stopper les céréales.

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«Je vais renforcer l’activité laitière de mon exploitation. De 55 vaches, je passerai à 80 vaches d’ici à la fin de l’année, annonce Guy Feyder. Je ne sais pas si l’une de mes trois filles reprendra à ma suite. Mais, à 53 ans, c’est le moment ou jamais de faire des choix. Et puis, traditionnellement, le Luxembourg est le pays du lait ! » Installé sur 130 ha, l’éleveur luxembourgeois a dû s’accrocher pour conserver ses terres. Dans ce secteur proche de la frontière avec la France, l’activité industrielle est importante et la pression foncière forte.

À Ehlerange, village de 800 habitants, il est le dernier agriculteur, représentant la treizième génération de paysans habitant la ferme. « Ici, le prix des terres agricoles est gonflé par la spéculation immobilière. Il peut monter jusqu’à 50 000 €/ha, regrette-t-il. Certains agriculteurs luxembourgeois vont acheter du foncier en France, ce qui fait monter les prix chez vous et nous sommes alors bien mal vus ! Je ne veux pas rentrer dans ce système. Je veux garder mes terrains pour maintenir l’activité, pas plus. » Guy Feyder est propriétaire de 45 ha, le reste est loué à un tarif qu’il dit « raisonnable », compte tenu du potentiel limité des sols.

Le faible potentiel des terres a motivé sa décision de réorientation vers le lait : alors que les céréales occupaient une vingtaine d’hectares sur son exploitation, Guy Feyder va les arrêter pour reconvertir les surfaces en prairies. « Ce sera ma dernière récolte cette année, explique-t-il. Mes terres sont très argileuses, lourdes et, en profondeur, il y a une couche bitumineuse, imperméable. Avec l’augmentation du cours du pétrole, les coûts de production sont devenus trop élevés. J’ai perdu de l’argent sur cette activité. Autant ne pas s’entêter. »

Viande en diminution

L’exploitation compte un troupeau allaitant, avec une cinquantaine de mères limousines. Il va être réduit progressivement, d’un tiers environ. La décision d’augmenter la production laitière, Guy Feyder l’a prise aussi en raison de l’arrêt des quotas. Administrateur à Luxlait, la plus grosse coopérative du Luxembourg, il suit de près l’évolution des besoins des structures de collecte et des marchés. L’augmentation se fera de façon progressive, par croissance interne. « Pour éviter les problèmes sanitaires, je ne vais pas acheter d’animaux à l’extérieur », explique l’éleveur.

Depuis peu, Guy a embauché un salarié à mi-temps. Son épouse travaille à mi-temps à l’extérieur. Ses filles, étudiantes et collégienne, donnent un bon coup de main à la traite lorsqu’elles sont présentes. C’est Guy qui assure la traite 365 jours sur 365. « Arrêter les céréales va simplifier le travail. Nous partons quatre à cinq jours par an avec mon épouse. Avec un salarié, ce sera peut-être plus facile, mais il faut que je le forme à la traite. » La salle de traite, construite il y a vingt ans, est une 2 x 5 postes.

Guy Feyder travaille sur l’autonomie fourragère pour conforter sa nouvelle stratégie. « Je suis à la recherche de davantage d’autonomie en protéines. Cette économie sur les coûts doit me permettre de rentabiliser mes investissements. » Il teste sur ses prairies des associations qui vont dans ce sens. « La luzerne n’est pas adaptée ici, explique-t-il. Les sols sont trop humides. Je travaille plutôt sur des mélanges trèfle rouge, ray-grass anglais, trèfle blanc, fétuque. Le problème est de faucher au bon moment. » Le parcellaire est bien regroupé. L’éleveur peut faucher une cinquantaine d’hectares en une seule fois lorsque les conditions sont optimales. Il récolte en moyenne 8 t de MS/ha. Les analyses de fourrages et les comparaisons en termes de qualité et de coûts de revient, sont suivies dans le cadre d’un programme Optigrass mis en place par la coopérative viande Convis.

Pâturage précoce

L’éleveur teste aussi le pâturage précoce depuis trois ans. « Lorsque les sols sont suffisamment portants, je sors les animaux fin mars. Je me suis rendu compte que ce pâturage intensif par le troupeau allaitant contribue à améliorer la qualité de l’herbe, car les bêtes consomment l’herbe à une hauteur telle que cela favorise les bonnes espèces. » L’alimentation est basée sur l’ensilage : deux tiers herbe, un tiers maïs. Un correcteur est apporté après calcul des rations. En fonction des années, l’agriculteur achète des fourrages en France, notamment de l’ensilage de maïs, dans des exploitations situées non loin de la frontière.

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