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Chèvres : dépasser les difficultés liées Chèvres : dépasser les difficultés liées à l’installation

Sans origine agricole, Estelle Foulon a réussi à s’installer en production laitière caprine, malgré l’absence de collecteur en Haute-Marne.

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En 2009, à vingt-huit ans, Estelle Foulon s’installe à Ria­u­court pour produire et transformer du lait de chèvre. Originaire de Bordeaux, il lui aura fallu six ans, beaucoup de ténacité et deux réorientations de son projet, avant de se poser dans ce coin de Haute-Marne, qu’elle ne connaissait pas. « J’étais attirée par les animaux depuis longtemps », raconte-t-elle. Son BTSA confirmera cette passion, à tel point qu’elle décide de s’installer en production laitière. « Vu mon petit gabarit, un de mes maîtres de stage m’a orientée vers les chèvres, ajoute-t-elle. Pour lui, cette production avait de l’avenir. » Estelle a conscience qu’en tant que femme, non issue du milieu agricole, un défi de taille l’attend.

« Pour tester ma motivation et voir si j’étais capable de supporter ce travail sept jours sur sept, je suis partie un an en Tasmanie, sur une exploitation laitière bovine et caprine. » Son objectif était alors de reprendre, à son retour, une exploitation dans le Sud-Ouest. L’élevage de chèvres lui plaît et la conforte dans son objectif : vendre la majorité de la production de lait pour assurer un revenu, et en transformer un peu pour la vente directe.

Retour en France et premier changement : Estelle rencontre son mari, originaire de la Haute-Marne. Son installation se fera donc dans ce département. « J’ai constaté avec surprise que la production laitière caprine s’y résumait à trois éleveurs qui transformaient tout, faute de collecteur », poursuit-elle. La jeune femme s’inscrit au répertoire à l’installation. Elle tente également d’obtenir une formation pour la transformation du lait auprès de Pôle emploi, sans succès. Autre souci : trouver un peu de foncier, rare dans la région.

Gagner en efficacité

Devant ces difficultés, Estelle décide de travailler comme salariée, en attendant que la situation se décante. Parallèlement, elle contacte la Safer et les mairies autour de Mareilles, où elle réside, pour trouver du foncier. Fin 2008, l’horizon s’éclaircit enfin. À 10 km de chez elle, des agriculteurs qui disposent d’un laboratoire de transformation et d’une dizaine d’hectares partent à la retraite. « J’ai loué le laboratoire et 2 hectares pour le parcours des chèvres, et j’ai acheté 2 autres hectares pour construire les bâtiments », relate-t-elle.

En août 2009, Estelle peut enfin s’installer. Elle investit 170 000 € dans les bâtiments, la salle de traite, les animaux, le matériel de transformation, une vitrine pour la vente à la ferme... Vivea (1) lui finance une formation de sept semaines pour transformer le lait. Vingt chevrettes arrivent à l’automne 2009 et la production de lait démarre en avril 2010. « Aujourd’hui, le possède près de soixante mères en lactation. Pour une production viable, l’objectif est d’atteindre soixante-dix chèvres. »

En juillet 2015, un laboratoire de transformation est construit près de la chèvrerie, pour 108 000 €. « La location m’a permis de tester mon projet au démarrage. La banque l’acceptait mieux avec l’étalement des investissements. Rassembler tout sur le même site me permet d’être plus efficace. » De 12 000 litres de lait à l’origine, Estelle est passée à 30 000 litres, qu’elle transforme en une douzaine de produits laitiers et même du savon. « Je cherchais une source de revenu pour janvier-février, période sans production de lait, explique-t-elle. Je me suis rapprochée d’une savonnerie artisanale près de Metz, en Moselle, qui a l’habitude de travailler avec des agriculteurs. »

Côté résultats économiques, le chiffre d’affaires augmente d’année en année et l’EBE couvre ses annuités, sauf en 2015, année en fort retrait. « Enceinte de mon deuxième enfant, j’ai été moins présente sur des foires le dimanche, confie Estelle. Or, elles dopent bien les ventes. » L’exercice en cours devrait être meilleur, d’autant plus que les idées ne lui manquent pas pour gagner de la valeur ajoutée. La jeune femme vise, en effet, l’obtention de l’agrément CE, obligatoire pour pouvoir vendre à plus de 80 km de l’exploitation. « Je viens d’avoir l’agrément conditionnel pour trois mois, dit-elle. J’espère qu’il sera confirmé. J’aimerais vendre mes produits à Paris. » Un crémier parisien est déjà intéressé et un prestataire est chargé de lui trouver d’autres clients. « D’ici à cet été, j’espère pouvoir enfin me prélever un salaire autour de 500 euros et atteindre 1 000 € d’ici un à deux ans. L’objectif étant un minimum de 1 300 € en rythme de croisière. »

(1) Fonds pour la formation des entrepreneurs du vivant.

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