Bœuf aux hormones Avec la relance du contentieux, « c’est la France qui est visée »
La décision des États-Unis de relancer le contentieux sur le bœuf aux hormones avec l’UE constitue « une grosse surprise », a dit le président de la FNSEA, Xavier Beulin, qui y voit une forme de « dernière cartouche » de l’administration Obama pour améliorer son bilan commercial.
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« C’est une grosse surprise, je pensais que ce dossier-là était sinon enterré, soldé, avec l’ouverture des négociations sur le Tafta » (traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis). « On connaît les Américains : l’attaque vaut mieux que la défense », a réagi vendredi M. Beulin à l’AFP.
Washington, accusant les Européens de ne pas respecter les engagements pris lors d’un compromis de 2009, a menacé jeudi de relancer la bataille devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre l’UE pour son refus d’importer le bœuf américain aux hormones et de rétablir les droits de douane sur différents produits comme le roquefort, la moutarde et les truffes, relançant une dispute engagée il y a plus de 20 ans.
« On est sans doute avec une administration américaine qui tire un peu ses dernières cartouches, assez mécontente de ne pas avoir fait aboutir, d’une part par le vote au Congrès, l’accord Pacifique mais aussi l’avancée de l’accord transatlantique », a estimé le patron de la FNSEA. Il pense que Washington « use de toutes les ficelles pour obtenir quelque chose et présenter un bilan commercial qui soit peut-être un peu meilleur aux yeux des Américains ».
« Une fourchette de 50 à 100 millions d’euros » par an
Pour M. Beulin, plus que l’Europe, « c’est la France qui est visée » : « sur la viande bovine, la France est le premier pays producteur en Europe et aussi le premier pays en matière de viande de qualité ; donc, on est forcément dans le collimateur. »
Chiffrant l’impact potentiel d’une remise en cause du compromis de 2009 « dans une fourchette de 50 à 100 millions d’euros » par an pour une filière bovine déjà engluée dans la crise, M. Beulin a également exprimé la crainte que ne soit mise à mal « la capacité à garder, notamment en France, une diversité de l’agriculture ».
« Probablement, du côté américain, il y a cette intuition que l’Europe est fragilisée avec le Brexit, avec des États comme la France, comme l’Allemagne qui vont être soumis à des élections en 2017 », a conclu M. Beulin.
« L’UE a entièrement rempli ses obligations, tant dans la lettre que dans l’esprit », a répondu vendredi, dans un communiqué, la Commission européenne, qui a averti que la fin de l’accord de 2009 « et l’éventuelle application de droits de douane sur les exportations européennes aux États-Unis représenterait un recul regrettable pour les fortes relations commerciales UE/États-Unis ».
AFP
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