Céréales Le dollar mène la danse (Tallage)
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Le fait marquant de cette semaine est probablement la forte hausse du dollar qui se retrouve ainsi à son plus haut niveau depuis 13 ans. Cette hausse découle des espoirs pour l’économie américaine liés à un grand programme d’investissements à venir, mais aussi aux déclarations de la Fed (banque centrale américaine) laissant entendre une probable remontée prochaine des taux d’intérêt US. En conséquence, l’euro dévisse et se retrouve à 1,06 dollar ce vendredi (1,10 la semaine dernière). Cette chute de l’euro vient, cette semaine, de faire monter tous les prix des céréales sur le marché intérieur français.
À Rouen, le blé et l’orge fourragère gagnent 5,5 €/t chacun (à 168 et 137 €/t respectivement). En Fob Moselle, le blé gagne 2 €/t à 162 €/t et l’orge fourragère 3,25 €/t à 133,25 €/t. Le blé sur Euronext gagne 4 €/t sur l’échéance de décembre (à 164,75 €/t) et 1,75 €/t sur l’échéance de mars 2017. L’écart entre le rapproché et l’échéance mars se réduit ainsi sur ce marché à terme. Les orges brassicoles grimpent aussi (+3 €/t en printemps) à 194 €/t Fob Creil et +3 €/t en hiver à 162 €/t. Le maïs n’est pas en reste, avec une hausse de 3 €/t à Bordeaux (164,75 €/t) et de 4 €/t Fob Rhin (à 167 €/t).
En dehors de la baisse de l’euro, peu d’éléments haussiers cette semaine. Le marché mondial est, quant à lui, plutôt à la baisse sous l’influence du marché US. En effet, la force du dollar conduit les prix agricoles libellés en dollars à la baisse. Les blés US ont abandonné 2 à 4 $/t et les maïs US ont chuté de 3 $/t entraînant à leur suite la plupart des cotations mondiales. La poursuite des opérations de récolte aux USA a aussi contribué à la baisse.
Malgré leur reprise, les orges françaises restent légèrement moins chères que les orges de la mer Noire. Cela devrait limiter leur potentiel de baisse à court terme. En blé en revanche, les valeurs fourragères de la France, bien qu’inférieures aux valeurs anglaises (les blés anglais sont cette année de très bonne qualité et les volumes fourragers y sont plus limités que d’habitude) sont nettement supérieures à celles de l’Argentine et de la mer Noire. Sur le segment meunier, les blés français se retrouvent aussi plus chers que toutes les autres origines. Les prix meuniers peuvent continuer à grimper en raison de la faiblesse de l’offre s’ils sont tirés par le marché mondial mais les prix fourragers (blé et maïs) auront du mal à soutenir leur niveau, surtout si la crise de grippe aviaire qui touche actuellement le nord de l’UE continue de s’étendre.
Du côté des achats, signalons cette semaine la présence de l’Algérie qui a acheté plus de 500 000 tonnes d’origine nord-UE et US et la volonté de l’Égypte de diversifier ses sources en ouvrant son marché aux blés hongrois, bulgares et paraguayens. Cette ouverture reflète probablement l’ampleur des besoins de ce pays et la volonté d’y faire face après un retard marqué des importations au début de la campagne.
La demande mondiale soutient les cours du soja et du colza
Le prix du soja remonte très légèrement cette semaine à Chicago (+3 $/t environ pour l’échéance de décembre). Malgré le renchérissement de la monnaie US, et la fin de la récolte aux USA (97 % des champs étaient récoltés au 13 novembre), les prix du soja sont soutenus par la forte demande mondiale. En effet, les engagements à l’exportation atteignaient au 10 novembre 38,5 millions de tonnes (Mt), soit presque 25 % de plus que l’an dernier. Par exemple, 22,5 Mt sont déjà vendues à la Chine soit 27 % de plus que l’an passé. Cependant, le rapport de prix entre soja et maïs sur les échéances de 2017 est en faveur du soja. Cela devrait soutenir les semis de soja l’an prochain aux US : les surfaces pourraient atteindre un nouveau record. Cela devrait empêcher toute forte nouvelle remontée des cours durant les prochains mois, alors que les stocks devraient rester confortables.
Soutenus par le recul de l’euro face au dollar, les prix du colza remontent légèrement cette semaine. Rendu Rouen, le cours du colza gagne 2 €/t, alors qu’il augmente de 1 €/t en Fob Moselle. Le contrat Euronext se renchérit lui aussi (de 2,5 €/t). Les statistiques de douanes confirment une accélération des importations de l’UE en septembre. Par ailleurs, des bateaux de canola canadien continuent d’arriver dans les ports français, limitant la demande pour la graine locale. Enfin, les chargements débutent tout juste en Australie, avec des volumes conséquents qui devraient partir rapidement vers l’UE (et arriver à la fin de l’année ou au début de janvier).
Au Canada, avec une très forte demande, les prix du canola à Winnipeg remontent d’environ 7 $/t sur la semaine. La trituration est en effet en forte hausse par rapport à l’an dernier (environ +15 % à la mi-novembre). Les exportations sont elles aussi soutenues, même si légèrement inférieures à l’an dernier. De plus, les pertes de surfaces liées à l’impossibilité de récolter les derniers champs, en raison des pluies et chutes de neige, se confirment. Ces pertes sont estimées à environ 10 % par certains opérateurs privés.
De nouveau cette semaine, le prix du tournesol à Saint-Nazaire est inchangé à 365 €/t, malgré le recul des cours de l’huile de tournesol.
Protéagineux et tourteaux : légère hausse des prix en France
Les prix du tourteau de soja sont inchangés cette semaine à Chicago, malgré la légère hausse du prix des graines. La production de tourteau de soja US a en effet atteint le troisième niveau le plus élevé de l’histoire en octobre. Les prix remontent toutefois légèrement à Montoir (+7 €/t), soutenus là aussi par la faiblesse de l’euro. Les pois fourragers départ Marne voient leur cotation inchangée sur la semaine, à 220 €/t. Ils restent peu attractifs en alimentation animale.
À SUIVRE : évolution du dollar, arrivée des récoltes australiennes et argentines en céréales, rythme et destinations d’exportations du colza australien, exportations US de soja, semis et conditions de culture en Amérique du Sud.
Tallage
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