Lait Ce que le ministre de l’Agriculture « ne devrait pas dire »
À l’approche de sa fin de mandat, Stéphane Le Foll saisit toutes les occasions de livrer ses succès, notamment au niveau européen.
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Auditionné sur les questions européennes à l’Assemblée nationale le 9 novembre 2016, Stéphane Le Foll a rappelé la genèse du dispositif de maîtrise de la production laitière, adopté difficilement mais sur son impulsion. « Nous avons eu trois étapes pour faire prendre des décisions à l’échelle européenne, rappelle-t-il. En septembre 2015, s’est tenu un conseil agricole extraordinaire, que j’avais demandé en juin. Un premier paquet de 500 millions d’euros (M€) a été acté. Déjà, j’avais mis en garde, disant que ce plan ne répondait pas à la question de fond : la production qui s’est emballée et qui dépasse les débouchés européens, nationaux et internationaux. Déjà à cette époque, il y avait un petit recours à l’intervention en beurre et poudre de lait. »
Une fierté
Deuxième étape : « Heureusement, et là je me vante d’avoir refusé ce que m’avaient demandé l’Allemagne, l’Autriche, l’Irlande, la Grande-Bretagne, la Pologne, les Pays-Bas, le Danemark… À savoir leur apporter le soutien de la France pour avoir une majorité afin d’éviter les sanctions liées à leurs dépassements de quotas laitiers. J’ai refusé car ils ne s’engageaient pas en face à une maîtrise de la production. Je ne devrais pas le dire, mais cela a rapporté 700 M€ qui ont permis de payer les 500 M€ » du plan européen de maîtrise de la production laitière, dont une partie pourrait aller vers la production de viande bovine.
Dernier assaut
Troisième et dernière étape, à la fin de 2015. « J’ai dit à la Commission qu’elle commettait une erreur en croyant que la crise s’arrêterait là. Je suis reparti l’assaut avec un mémorandum en février 2016 sur les règles de maîtrise de la production », avec la proposition d’utiliser les articles 21 et 22 du règlement Pac. « L’accueil fut enthousiaste, mais la présidence néerlandaise a repoussé la décision à plus tard. Il m’a fallu six mois pour débloquer la situation. »
Un accord a été pris au conseil agricole de juin pour une application en septembre. « Il a fallu négocier, en particulier avec l’Allemagne. Les prix commencent à remonter, mais ils auraient pu le faire plus tôt. Entre-temps, 350 000 tonnes sont en stock ! Que de temps perdu », regrette Stéphane Le Foll, qui a eu le plus long mandat des ministres de l’Agriculture de la Ve République.
Arielle DelestPour accéder à l'ensembles nos offres :