phytos près d’une école Mise en examen de deux Châteaux en Gironde
L’un est en bio et l’autre en conventionnel : deux domaines sont interrogés à la suite de la plainte de la Sepanso après l’épandage de produits près d’une école. Au-delà de la question judiciaire des responsabilités, l’affaire reste plus large pour l’ensemble de la filière.
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Révélatrice des enjeux de la cohabitation entre riverains et exploitations viticoles, l’affaire de l’exposition aux phytos d’écoliers et d’une enseignante de Villeneuve-de-Blaye suit son cours, avec la mise en examen des châteaux Castel La Rose et Escalette ce 17 octobre. Se trouvant en appellation Côte-de-Bourg, les deux propriétés se trouvent à côté de l’école où des traitements viticoles ont été réalisés l’après-midi du lundi 5 mai 2014. Malgré des vents, a priori, supérieurs à la limite réglementaire de 19 km/h. Les responsables des deux châteaux sont interrogés pour « usage inapproprié de produits phytosanitaires », révèle le journal Sud-Ouest (qui n’a pas réussi à avoir de retours des propriétés entendues par le juge d’instruction de Libourne).
Plainte contre X
Cette mise en examen s’inscrit dans la procédure judiciaire lancée par l’antenne girondine de la Société pour l’étude et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso). Ayant déposé plainte contre X le 19 mai 2014, l’association environnementale a vu sa demande classée sans suite par le tribunal de Libourne en juin 2015. Son appel d’octobre 2015 a abouti aux premières auditions du 17 octobre dernier.
La question de la responsabilité d’un domaine ou de l’autre a particulièrement échauffé les esprits à Bordeaux. Tout l’enjeu étant de savoir lequel des traitements conventionnel (Eperon Pépite et Pepper) ou bio (sulfate de cuivre). Le premier étant pointé du doigt par les associations antiphytos qui réclament exclusivement des traitements bio à l’abord des sites sensibles. Tandis que le second est la cible des représentants du syndicalisme agricole, qui s’opposent à une restriction infondée.
« Je ne suis pas certain que les riverains et écoles fassent la différence entre les traitements bio et conventionnel s’ils en sont aspergés », balaie Bernard Farges (président du syndicat viticole des bordeaux et bordeaux supérieur). Pour le viticulteur girondin, cette affaire judiciaire est désormais dépassée par des enjeux plus vastes, concernant l’ensemble de la filière. Dès le printemps 2014, un premier arrêté est pris par la préfecture de la Gironde pour interdire le traitement à proximité d’écoles. En 2015, le dispositif a été étendu aux sites sensibles (hôpitaux, maisons de retraite…). Et en 2016, les arrêtés ont essaimé, sous l’impulsion de la loi d’avenir agricole. Devenu emblématique, l’événement de Villeneuve-de-Blaye a marqué un tournant.
« Il y avait déjà une prise de conscience, il est incontestable que le mouvement en a été accéléré. Tout est question de bonnes relations de voisinage : entre le comportement des voisins et le professionnalisme des vignerons dans la mise en œuvre des traitements » conclut Bernard Farges, prônant toujours des approches citoyennes et concertées.
Dans un communiqué paru le 1er novembre, l’association Générations futures qui s’est portée civile dans cette affaire avec Sepanso, espère « à l’heure où se discute la rédaction d’un nouvel arrêté portant sur l’utilisation des pesticides que cette affaire viendra confirmer l’impérieuse nécessité de protéger les groupes vulnérables. » Elle entend par groupes vulnérables, « les personnes pouvant être exposées à ces toxiques de manière indirecte (riverains, promeneurs, salariés agricoles etc.) ». Générations futures souhaite que soient retirées du marché les molécules dangereuses (CME et PE), « et dans l’attente de ces retraits, la mise en place de zones sans traitement (ce qui ne veut pas dire sans culture…) ».
A.B. (Vitisphère) et I.E.
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