Maladie de Lyme « Moins d’une piqûre de tique sur dix est contaminante »
Alors que Marisol Touraine a lancé, vendredi 30 septembre 2016, un plan national de lutte contre la maladie de Lyme, le docteur Gaëtan Deffontaines, en charge du risque biologique et des zoonoses à la CCMSA, rappelle les précautions à prendre en cas de piqûre de tiques et relativise leur impact.
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La maladie de Lyme, encore appelée borréliose, est transmise par des tiques infectées par une bactérie, dont les effets réels continuent à interroger. Douleurs articulaires, paralysie, épuisement, troubles de la mémoire, dépression… Outre-Rhin, on parle d’épidémie (300 000 cas par an sont recensés en Allemagne). Aux États-Unis aussi.
29 000 cas par an en France
En France, le réseau sentinelle rapporte une moyenne de 29 000 cas par an, sur les dix dernières années. « Les tiques progressent en effet. Mais il n’est pas prouvé à ce jour que la maladie de Lyme progresse aussi », précise Gaëtan Deffontaines, médecin du travail en charge du risque biologique et des zoonoses à la CCMSA.
Dans le doute, et face à la mobilisation d’associations, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a présenté, le vendredi 30 septembre 2016, un plan national de lutte contre la maladie de Lyme, afin d’« éviter le sentiment d’abandon et l’errance thérapeutique auxquels sont confrontés des malades de Lyme. Il permet de mieux comprendre la maladie, de soigner plus efficacement les patients et de mobiliser tous les outils disponibles pour prévenir la maladie », a-t-elle argumenté.
Pas d’impact pour une tique retirée dans les 12 heures
« La médiatisation soudaine de la maladie peut donner le sentiment d’une explosion. Dans les faits, ça n’est pas le cas », explique Gaëtan Deffontaines, de la CCMSA. Toutes les tiques ne seraient pas infectées. « Moins d’une piqûre sur dix est contaminante, poursuit-il. Et donc dans un cas sur dix apparaît le fameux érythème migrant », une tache rougeâtre sur la peau qui grandit lentement autour du point de piqûre entre trois jours et trois semaines après la piqûre. « Mais là aussi, malgré l’apparition de l’érythème, seulement dans un cas sur dix, la personne va contracter réellement la borréliose. »
Le docteur Gaëtan Deffontaines insiste sur l’importance de s’inspecter quotidiennement après un passage dans les hautes herbes ou dans les bois. « Même pour une tique infectée, dès lors qu’elle est retirée dans les 12 heures, elle ne sera pas contaminante. Dans certains cas, ce délai peut aller jusqu’à 36 heures. » Et quand la maladie survient, « elle se soigne ! Contrairement à ce qu’affirment certaines associations militantes, la maladie de Lyme se soigne en effet avec des antibiotiques classiques. »
Dix à quinze jours de traitements sont alors nécessaires, une prise de sang suffit à la diagnostiquer, poursuit Gaëtan Deffontaines. « La borréliose est prise en charge en France, affirme-t-il, sauf dans le cas de certaines prescriptions marginales qui n’ont rien à voir avec des antibiotiques. »
La borréliose touche avant tout les promeneurs
Les régions françaises sont invariablement touchées par la maladie. « On constate 0 à 30 % de tiques infectées selon les régions ». L’Est (Alsace, vallée vosgienne, Franche-Comté et Haute-Savoie) l’étant particulièrement. « Ce serait le cas du Limousin aussi. Des études sont en cours. »
« Il est important de savoir que la majorité des borrélioses ne sont pas professionnelles. Les promeneurs sont en effet les plus touchés. Au même titre que les cas de leptospirose (autre maladie infectieuse provoquée par une bactérie présente dans l’eau ou le sol) sont recrudescents – qui s’explique par le fait que de plus en plus de personnes se baignent dans les rivières –, la France compte de plus en plus de promeneurs. »
Les forestiers puis les éleveurs, du fait de la présence des animaux, sont exposés, mais « d’une façon générale, tous les habitants qui vivent à la campagne et vont se promener dans les endroits boisés sont exposés. »
Pour prévenir
La Mutualité sociale agricole se préoccupe de cette maladie depuis une dizaine d’années, poursuit le docteur qui conseille, lors d’une marche dans les hautes herbes, de se couvrir, de glisser le bas de son pantalon dans ses chaussettes. Il existe aussi des répulsifs communs aux moustiques et aux tiques très efficaces. L’autre possibilité est d’imprégner les vêtements d’un insecticide. Les huiles essentielles ont en revanche un effet à court terme, et peuvent en plus se révéler toxiques in fine, note Gaëtan Deffontaines.
Rosanne Aries
Les conseils de la CCMSA pour se protéger contre la maladie de Lyme.
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