Crise L’industrie du médicament vétérinaire se penche sur les difficultés de l’élevage
Lors de son assemblée générale, le 4 juillet 2016 à Paris, le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaire (SIMV) a constaté la situation de délicate l’élevage en France.
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Sur le thème « Sortir de la crise par l’innovation », il a laissé la parole à huit intervenants qui ont tour à tour évoqué la situation difficile des producteurs français, en particulier dans le lait et le porc, le marché mondial, les évolutions des attentes des consommateurs ou encore le conseil vétérinaire aux éleveurs et la gestion des crises sanitaires.
En porc et volailles, « nos concurrents ont progressé plus vite »
Parmi les constats sombres, Yves Trégaro, de FranceAgriMer, a rappelé que l’élevage porcin et avicole français subit une « perte de compétitivité ». Non pas qu’il démérite, mais parce que « nos concurrents ont progressé plus vite et nous ont rattrapés puis dépassés. Le Danemark fait désormais mieux en nombre de porcelets par truie. La génétique, performante, est très adaptée aux besoins des industriels. »
Les filières ont aussi parfois manqué des virages. Pour les poules pondeuses, les Allemands ont anticipé la forte demande sociétale sur le bien-être animal, et ont remplacé les cages par des volières lors des précédentes vagues d’investissements, contrairement aux Français. Ces derniers se retrouvent aujourd’hui dépassés sur cette question, avec les conséquences médiatiques qu’on connaît.
En lait, 2016 sera « encore plus dure »
Philippe Chotteau, de l’Institut de l’élevage, rappelle que le lait est passé d’un prix moyen de 380 €/1 000 1 en 2014 à environ 285 € en 2016. « Une telle baisse de prix est difficilement absorbable par les systèmes actuels », estime-t-il. En système spécialisé de plaine, le revenu moyen est passé de 34 000 €/UMO en 2014 à 16 000 € en 2015.
« Et il devrait encore baisser en 2016… Un quart des éleveurs de plaine n’auront aucun revenu », prévoit-il. Il faut désormais identifier les systèmes les plus résilients. Les exploitations qui ont grossi très rapidement ont trop souvent perdu en efficacité économique.
La crise découle du 1 % d’excédent d’offre au niveau mondial, essentiellement dû à la hausse de production de l’Europe du Nord (Irlande, Allemagne du Nord, Pays-Bas et Danemark). « La crise laitière est bien d’origine européenne, découlant de décisions européennes sous le poids du lobby des grosses coopératives laitières du Nord, pour qui « le marché mondial nous tend les mains, il faut y aller ». Sauf que personne n’avait prévu un tel potentiel de hausse de production chez les éleveurs… »
Un nouveau « problème public », la zoophagie cannibalisme
Après avoir retracé l’évolution des habitudes alimentaires dans notre société occidentale, Bruno Hérault, du ministère de l’Agriculture, souligne que « la relation à l’alimentation est de plus en plus thérapeutique », elle qui était avant sociale et religieuse.
Il estime que l’acte de manger remplace, dans les rapports sociaux, les habits, la voiture, le logement ou encore la destination de vacances. « On est en train de construire un nouveau problème public : la zoophagie cannibalisme. Sans juger ou déplorer, il faut essayer de comprendre. »
Passer du « techno push » au « market pull »
Elizabeth Pastore-Reiss, directrice générale de Greenflex, rappelle que les attentes des consommateurs sont fortes pour les produits locaux, la qualité et le bien-être animal. Face à leur défiance vis-à-vis des politiques et des industriels, « l’engagement [des industriels sur ces sujets] paie. Il faut passer du « techno push » (volumes de production) au « market pull » (écouter le marché), suggère-t-elle. Il y a un énorme déficit de pédagogie, d’explications, d’innovations. »
Un sujet sur lequel Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA, a renchéri : « Le monde agricole doit amorcer une vraie mutation pour passer d’une politique d’offre à une politique de demande. Le monde agricole ne l’a pas suffisamment anticipé. Il faut relever le défi du “manger local”. »
Le syndicaliste s’est montré plus réticent vis-à-vis des gammes « sans OGM et sans antibiotiques », qui stigmatisent les autres systèmes de production. Sauf que « l’offre en ces produits explose dans les grandes surfaces, en particulier dans le porc », a remarqué Christine Fourichon, de l’école vétérinaire de Nantes Oniris. Ce qui signifie qu’il y a une forte demande. » Et qu’il ne faut pas passer à côté.
L’atout de l’excellence sanitaire française
Revenant sur des tonalités plus vétérinaires, trois autres intervenants ont tour à tour évoqué les atouts de la France et des perspectives optimistes. Jean-Luc Angot, du CGAAER, a rappelé l’excellente « gouvernance sanitaire » de la France face aux épizooties et ses atouts en termes de diversité, de ressources foncières et fourragères, et de sa situation sanitaire.
Pascal Boireau, de l’Anses, a souligné l’importance de « développer vite la vaccination » pour répondre aux épidémies comme la FCO ou le virus de Schmallenberg. Enfin, Christine Fourichon a développé les nouveaux enjeux en matière de conseil vétérinaire, pour s’adapter à des troupeaux plus grands, des enjeux sociétaux comme l’antibiorésistance et les nouvelles exigences des éleveurs.
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