L’espoir d’une remontée du prix L’espoir d’une remontée du prix
Après deux années de crise, les éleveurs attendent une amélioration en 2017.
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D’une production à l’autre, la crise s’est installée en élevage, avec un maître mot, la volatilité. Ainsi, les producteurs de porc ont bénéficié d’une remontée inattendue des cours au premier semestre grâce au retour de la Chine sur le marché. Sa demande a purgé le marché européen de ses stocks pléthoriques de porc. Dans le lait, on se souvient que c’est le retrait brutal de ce même pays, à l’été 2014, qui avait donné le signal de la baisse interminable des cotations, accentué par l’envolée de la collecte européenne consécutive à la fin des quotas.
Mais les producteurs espèrent voir, enfin, la lumière au bout du tunnel. Après deux ans de dégringolade, le prix du lait a touché le fond cet été, en parallèle à un recul de la collecte. En France, le prix de base chute à moins de 260 €/1 000 l en juillet. Celui de la laiterie belge Milcobel tombe même sous la barre des 200 €. Le syndicalisme majoritaire finit par réagir au niveau local, puis national. Sa cible : le numéro un mondial des produits laitiers, Lactalis… Le 22 août, près de 500 agriculteurs viennent réclamer un meilleur prix et la reconnaissance de leur travail devant l’usine de Laval (Mayenne), en plein fief de la famille Besnier, propriétaire de Lactalis.
Rapidement, le combat se joue dans les médias. Radios, télévisions et journaux s’emparent du sujet et dénoncent le comportement du leader mondial qui, entre autres, ne publie pas ses comptes et n’hésite pas à recourir au chantage à l’arrêt de collecte.
Jouant la carte du soutien aux éleveurs, certains supermarchés arrêtent de référencer les produits Lactel et Président, marques phares du groupe. Face à la pression médiatique, Lactalis recule et concède une revalorisation du prix du lait, le 30 août. Une victoire néanmoins insuffisante pour renflouer les trésoreries. Les autres industriels, privés comme coopératifs, ne paient pas mieux, en particulier Sodiaal, à la traîne en fin d’année.
Réduction de collecte
Devant l’ampleur d’une crise généralisée à l’Europe puis à la planète, la Commission reconnaît finalement la gravité de la situation, et concède un retour à une forme de régulation.
En juillet, elle accepte de financer une réduction de collecte à l’échelle de l’UE. La mesure remporte un vif succès : les éleveurs européens s’engagent à une baisse de plus d’un million de tonnes de lait sur trois mois.
En France, ce sont 13 000 demandes qui sont déposées. Mieux vaut tard que jamais… Le ralentissement des livraisons s’accélère sur les derniers mois de l’année, et les cours mondiaux remontent en flèche. Mais côté producteurs, le prix stagne encore à 290 €/1 000 l en décembre chez Lactalis, et moins de 275 € pour Sodiaal.
Le bilan de deux années de crise n’est pas réjouissant.
Le résultat courant avant impôt et cotisations (RCAI) moyen plafonne entre 2 000 et 3 000 € par exploitant en 2016 pour les élevages spécialisés de plaine, selon l’Institut de l’élevage. Parmi eux, 41 % ont un RCAI négatif. Et le rythme des cessations double, passant de 4 % à 8 % environ par an entre 2014 et 2016.
Le constat n’est pas plus brillant chez les éleveurs allaitants. En 2015, ils avaient tiré les premiers la sonnette d’alarme. En octobre, la Fédération nationale bovine déclare qu’un quart des 80 000 éleveurs allaitants sont en état de « quasi-faillite ». Depuis, les cours ont encore dévissé, pénalisés par l’afflux des réformes laitières (voir page 64). Difficile d’écouler ce trop-plein d’offre quand la France traîne toujours la casserole de la fièvre catarrhale ovine, qui pénalise les déplacements d’animaux et les débouchés à l’exportation. Ainsi, la Turquie, client précieux au commerce de broutards, refuse toujours d’ouvrir ses portes.
Comme si les trésoreries d’exploitations n’étaient pas assez mises à mal, certains départements ont dû faire face à des aléas climatiques lourds de conséquences. Entre inondation et sécheresse, les prairies ont souffert, obligeant les éleveurs à rentrer les animaux et à entamer les stocks. Des stocks qui peinent à se renflouer, avec des fourrages médiocres en quantité comme en qualité. Dans ce contexte déjà fragile, la filière viande craint aussi de voir débarquer sur le marché européen des viandes américaines autorisées par les traités de libre-échange (voir page 36).
Cette crise, tous ne la subissent pas de la même façon. Le modèle industriel subit une violente chute des prix. L’euphorie liée à la fin des quotas a vite laissé la place au désenchantement. Le modèle exportateur, tant vanté par les industriels, implique de pouvoir encaisser les fluctuations du marché mondial. Or, les éleveurs les ont subies sans être assez aguerris. En revanche, les filières de qualité, en circuit court, en bio ou en appellation d’origine protégée ont traversé la tempête sans trop de dommages, encourageant d’autres éleveurs à s’y intéresser.
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