2. Ecouter et rétablir des vérités 2. Ecouter et rétablir des vérités
Depuis dix ans, les éleveurs de bovins lait et viande infléchissent certaines pratiques. L’institut de l’élevage rappelle la réalité derrière certains propos inexacts.
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«Les éleveurs ont naturellement l’impression de faire du mieux possible. Ils ne comprennent pas certaines agressions dont leurs pratiques font l’objet », explique Anne-Charlotte Dockès, chef du département Métiers d’éleveurs et société à l’Institut de l’élevage (Idele). Elle a participé au groupe d’études sur les controverses. « Depuis dix ans, les différents messages du grand public ont infléchi certaines pratiques et poussé les instituts techniques à évaluer la réalité des propos avancés. Nous travaillons les points névralgiques qui ont surgi. »
Qualité de l’eau
Il y a d’abord eu la reconquête de la qualité de l’eau avec l’optimisation de la fertilisation. Très vite, un autre reproche a été adressé aux bovins : l’empreinte « eau » serait de 15 000 litres pour obtenir un kilo de viande et de 1 000 litres pour un litre de lait. « En procédant à un calcul rigoureux (toute l’eau qui tombe sur les prairies n’est pas consommée par les animaux), l’Institut de l’élevage arrive entre 20 et 50 litres en viande, selon les systèmes, et entre 3 et 15 litres en lait », constate Anne-Charlotte Dockès.
Gaz à effet de serre
« Selon nos experts, il y a 400 000 kilomètres de longueur de cours d’eau délimités par des bandes enherbées, des haies, des bois. Cela améliore la qualité de l’eau mais aussi la biodiversité. » A noter que, sans pâturage, la progression de la friche diviserait la biodiversité végétale par quatre en vingt ans.
Autre mise au point : « On reproche aux ruminants leurs émissions de gaz à effet de serre. Cependant, grâce aux prairies, véritables puits de carbone, 28 % des émissions de notre élevage bovin sont compensées. » Des expériences (Carbon Dairy et Beef Carbon) sont en cours sur des exploitations laitières et bovines pour réduire de 15 % à 20 % les émissions de carbone.
Une image rêvée
Pourtant, l’image des éleveurs se gâte. Même si l’élevage des bovins souffre moins que celui des monogastriques. Les laitiers ont une bonne image auprès de 69 % du grand public aujourd’hui, contre 82 % en 2010. « Le bon éleveur imaginé par le public prend soin de ses animaux, les laisse sortir. Il ne possède pas un trop grand nombre de bêtes. Il est orienté vers les signes de qualité. »
Du côté du bien-être, plus de 90 000 élevages ont signé la nouvelle charte de bonnes pratiques rééditée en 2012. Le dernier chantier est celui de l’écornage des veaux avec insensibilisation.
Depuis quelques années s’ajoute une remise en cause du principe même de l’exploitation des animaux pour leur viande ou leur lait. Le mouvement abolitionniste qui prône la fin de tout élevage est de plus en plus visible, même s’il reste marginal. « La majorité des consommateurs reste plutôt confiante. Mais ils ont intégré l’idée qu’il vaut mieux manger moins de viande mais une viande meilleure à penser. »
Enfin, quand une association abolitionniste comme L214 compare la séparation des veaux et des vaches à l’arrachement d’un enfant à sa mère (voir la photo page 44), les éleveurs ne peuvent être que choqués. Il y a eu des recherches sur une séparation du veau de sa mère à un jour et à trois semaines. La deuxième solution n’est pas meilleure.
« Une petite fraction des citoyens ne veut plus d’élevage mais on peut montrer aux autres comment on pratique. C’est important pour les éleveurs d’être compris et de faire accepter leurs projets au niveau local », conclut Anne-Charlotte Dockès.
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