Grands troupeaux laitiers Des colosses aux pieds d’argile ?
La Bretagne, qui comptait 148 troupeaux de plus de 100 vaches laitières en 2004, en compte 931 dix ans plus tard. Ces agrandissements vont-ils de pair avec une meilleure rentabilité ? La chambre d’agriculture et le CER France des Côtes-d’Armor n’osent encore l’affirmer.
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Un ensemble hétérogène
Pas de « système grands troupeaux »
« Les grands troupeaux bretons ne forment pas un ensemble homogène et comprennent aussi bien des intensifs que des herbagers, des hautes productrices que des vaches à 6 000 l », indique Vincent Jégou, de la chambre d’agriculture. Mais cela évolue. Les grands troupeaux observés aujourd’hui se sont agrandis à l’époque des quotas : le cheptel et la production ont augmenté avec la SAU. Délivrés des quotas, les projets actuels visent une forte augmentation de production laitière sans terres supplémentaires : dans ces élevages, le lien au sol diminue.
Des charges de même ordre de grandeur
Les charges opérationnelles des grands troupeaux étudiés sont du même ordre de grandeur que la moyenne régionale. « Mais leur répartition varie au sein de chaque poste : les grands troupeaux ont davantage de frais sur la prévention des troubles métaboliques et la santé des veaux », détaille Vincent Jégou. Côté charges de structure, l’étude d’un échantillon de 1 186 exploitations laitières spécialisées ne montre aucun effet de dilution visible ! Impossible toutefois de tirer une conclusion définitive, car un certain nombre de grands élevages sont encore en phase de développement avec des investissements non amortis. S’agrandir, en effet, conduit souvent à accroître la productivité par actif en s’équipant davantage.
« Une exploitation qui n’est pas saturée possède une marge de manœuvre pour optimiser ses équipements, rappelle Vincent Jégou. Mais dans beaucoup de cas aujourd’hui, il faut investir pour augmenter la production. Ou bien, avec un robot saturé, on n’investit pas mais soit on augmente le concentré afin de favoriser la fréquentation des vaches, soit on les tarit plus tôt. »
Une productivité accrue
Plus de lait par actif
Les grands élevages vendent en moyenne davantage de lait par actif : 281 000 l pour les plus de 80 vaches, contre 254 100 l pour la moyenne. Du coup, même si le revenu aux 1 000 l varie peu avec la taille du troupeau (112 €/1 000 l pour les plus de 80 vaches contre 109 €/1 000 l), le revenu par actif augmente légèrement dans les grands troupeaux. En revanche, l’aspect travail est préoccupant. « On voit parfois des éleveurs débordés qui rencontrent des problèmes techniques entraînant une baisse de résultats économiques », témoigne Geneviève Audebet, du CERFrance Côtes-d’Armor. En levant un peu le pied pour retrouver de la cohérence, on perd en volume mais on peut regagner sur le coût alimentaire, les frais vétérinaires et même le prix du lait qui peut afficher des écarts de 30 €/1 000 l selon sa qualité !
Plus de lait par hectare
Augmenter le volume sans la surface permet de dégager plus de revenu par hectare, même si la marge aux 1 000 l baisse. Justement, cette marge a tendance à se dégrader quand la pression laitière (volume de lait/ha) augmente, alerte Vincent Jégou. « Les exploitations produisant beaucoup de lait par hectare de SAU ont une marge de manœuvre limitée. Il y a deux dérives possibles. La simplification des systèmes, avec ses limites agronomiques (rotations maïs sur maïs) et économiques (dépendance à la conjoncture et aux achats de matières premières extérieurs). Et l’intensification, avec des coûts qui grimpent lorsque les animaux ne sortent plus (gestion des effluents, stockage de maïs…). »
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