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Aricle 1. Ne pas se laisser envahir par ses émotions

« Quand le bonhomme va, l'exploitation va. » Partant de ce constat, la chambre d'agriculture de Corrèze propose une formation « gagner en sérénité ».

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Autour de la table, tous l'affirment : « Quand le bonhomme va, tout va. » C'est le cas pour Marine, Sonia et Nicolas.

Ce n'est pas la crise de l'élevage qui avait mis à mal ces trois éleveurs de Corrèze. Marine, installée en individuel, assumait mal son choix de produire des broutards légers lorsque les autres éleveurs s'appliquent à vendre des animaux plus lourds. « Pourtant, mon exploitation allait bien. Lorsque la chambre d'agriculture a proposé un stage "retrouver la sérénité sur son exploitation", je n'ai pas hésité. Savoir après quoi je cours m'a aidé à retrouver le plaisir du métier. »

Ce stage a été initié par Jean-François Mathieu, conseiller de la chambre d'agriculture. « Je me suis formé à la PNL (programmation neurolinguistique) après avoir accompagné des éleveurs en souffrance avec, pour seuls outils, les conseils techniques. Depuis 2011, la chambre propose des formations financées par Vivéa. « Les agriculteurs apprennent à retrouver une pensée objective, à prendre du recul. Plutôt que de réagir émotionnellement, je les encourage à accepter les événements avec bienveillance. Ce n'est pas uniquement à cause de l'environnement que tout va mal. Ils réinvestissent leur énergie sur ce qui dépend vraiment d'eux : pensées, émotions. »

« IL N'Y A PAS DE HASARD »

Eleveur de salers depuis janvier, Jean-François Mathieu propose désormais ses interventions comme consultant. Marine, formée en 2013, a retenu deux phrases qui l'aident encore : « Il n'y a pas de hasard » et « dans chaque événement, il y a une fleur » pour tirer le positif des événements ». Quant à Sonia, elle avait rejoint l'exploitation de son mari mais son beau-père battait froid cette esthéticienne reconvertie dans l'élevage de veaux. « Je suis ressortie de la première journée de formation presqu'en colère. » Jean-François reconnaît : « Le premier jour, je les oblige à faire face à leur mode de fonctionnement, à leur part de responsabilité. Ça remue ! » Sonia poursuit : « Très jeune, je me suis construite comme victime suite à une agression. Aujourd'hui, je pense autrement. Je me répète : "Je suis en sécurité." Et je plains mon beau-père qui ne sait pas me parler autrement. »

Nicolas s'est senti mieux lorsque Jean-François est venu le voir, après le suicide de sa femme : « Je me suis installé en 2003. Quand ma femme m'a rejoint en 2008, nous avions trop agrandi l'exploitation. Nous étions en tension permanente au travail et en famille. Après son décès, j'étais anéanti. L'entretien avec Jean-François m'a remis debout et permis ne pas être trop atteint par les ragots. Depuis, j'ai cédé une part des terres pour retrouver un bon rythme. Et j'ai suivi cette formation. » Cette méthode, il ne veut pas la garder pour lui. « Nous avons créé un groupe bien-être. Nous sommes des sentinelles pour les agriculteurs qui ont besoin d'échanger. »

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