Login

Etats-Unis La ferme Peters une affaire de fratrie

Dans le Michigan, cinq frères ont repris la ferme familiale de 280 ha et l'ont transformée en une structure de 6 000 ha.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

C'est l'une des plus grandes exploitations de la région. Et c'est une affaire de famille. A Memphis, dans l'état du Michigan, Randy, Bryon, Jon, Scott et Terry cultivent 5 830 ha de terres plutôt argileuses. Situés dans une plaine à environ 60 km au nord-est de Détroit, les frères Peters font pousser 2 800 ha de maïs, 2 400 ha de soja et le reste en blé et maïs semence. A leurs yeux, cet assolement se justifie largement par « le climat très humide à proximité des lacs ». Implantée à l'est de l'état, la ferme se trouve à moins de 30 km de deux des grands lacs de la région du même nom. Résultat, une pluviométrie de 1 000 mm par an. 80 % de la surface cultivée doit être drainée. 50 % l'est déjà. Chaque année, 160 ha supplémentaires bénéficient de travaux de drainage.

UNE CONDUITE AU GPS ET RTK

L'utilisation du signal satellite démarre dès le dépôt des drains, conduit au GPS par les frères eux-mêmes. Une base RTK John Deere placée sur la ferme affine les travaux menés en géolocalisation.

Du côté du travail du sol, les Peters ne descendent pas à plus de 30 cm de profondeur. « Après la récolte de maïs, nous utilisons un chisel Plow John Deere à trois rangées de dents qui évolue jusqu'à 20 cm. Puis l'hiver, le sol gêle. Il le reste jusqu'à mi-avril ! », s'exclame Jon. La préparation du semis est réalisée à l'aide des outils à disques Joker. Deux passages sont réalisés avant de semer.

500 HA/JOUR AU SEMIS

Trois fertilisations sont menées, dont l'une au semis avec un Maestro. Chaque fois, de l'engrais liquide est utilisé. Au niveau des traitements, un seul passage d'herbicides est réalisé, et pas des moindres, puisque les frères Peters mélangent glyphosate, métolachlore et atrazine ! L'économie de traitements ne s'arrête pas là, car ils n'ajoutent aucun insecticide, leur maïs étant OGM. Ils n'utilisent pas plus de fongicides.

Le soja bénéficie du même itinéraire de travail du sol. La graine est semée avec un John Deere de 18 m de large à double disque, aux mêmes dates que le maïs, ou avec un 15 m à un seul disque. La ferme possède deux semoirs pour le soja et trois pour le maïs, dont un de 36 m utilisé à 7 km/h. Le Maestro est le plus petit. « Mais c'est aussi le plus rapide, confie Jon. Nous semons jusqu'à 500 ha par jour à l'aide des cinq outils. Si on ajoute la préparation du sol, nous pouvons aller au total jusqu'à 1 000 ha travaillés par jour. »

DIX-HUIT TRACTEURS

Pour arriver à ce résultat, un investissement régulier dans le parc de matériels est nécessaire. « Tous les travaux doivent être réalisés dans une fenêtre de temps très réduite. Nous cumulons annuellement 500 heures de travail sur chaque tracteur, explique Jon. Nous choisissons toujours des engins qui développent entre 500 et 600 ch. Actuellement, nous disposons par exemple de 9 tracteurs John Deere de 560 ch. Avec les Case IH, cela nous amène à 18 machines au total. En ce qui concerne la récolte, nous utilisons 5 moissonneuses changées chaque année. »

Côté traitements, la ferme dispose de trois pulvérisateurs automoteurs John Deere, également renouvelés chaque année. Les frères Peters bénéficient ainsi du programme « John Deere Gold Key Customer », qui offre des avantages aux gros clients.

STOCKAGE XXL

Les rendements de la ferme sont comparables à ceux que l'on trouve dans l'Hexagone : 13 t/ha en maïs, 3 t/ha en soja ou encore 6,2 t/ha en blé. Les parcelles s'étirant jusqu'à 70 km de distance Nord-Sud, la ferme stocke ses récoltes sur deux sites. Le premier a une capacité de 40 000 tonnes. L'autre, situé à une distance de 30 km, de 50 000 tonnes. Ce dernier reçoit aussi des récoltes d'autres fermes, en location simple, sans commercialisation par les frères Peters. Eux négocient 20 à 40 % de leur production sous forme de contrats. Le reste est stocké et vendu directement sur le marché.

CONSEILS EN PRESTATION

Aux coûts de mécanisation - limités du fait du renouvellement soutenu des machines -, d'intrants, de carburant et de semences, s'ajoutent ceux d'un prestataire agronome pour réaliser des analyses et bénéficier de conseils. Si le procédé est assez courant outre-Atlantique pour les grandes exploitations, son coût avoisine 50 000 euros par an. Cependant, Jon estime que ce fonctionnement les aide grandement. « Grâce à ces conseils, à la qualité des matériels et des semences, nos rendements ont augmenté de 60 % en dix ans. » La qualité agronomique des sols a aussi été améliorée. Leur pH a par exemple été amené de 5,5 à 7 en dix ans. « Cela a été rendu possible par l'épandage de pulpes de betterave, achetées 14 €/t », précise Jon.

ZÉRO SUBVENTIONS

Côté assurances récoltes, la ferme ne souscrit aucun contrat. Aucun problème majeur n'a été observé ces dix dernières années. Enfin, le gouvernement américain ne verse aucune subvention aux frères Peters, leur ferme étant considérée comme suffisament importante. Au final, le revenu dégagé par la ferme est estimé à environ 800 dollars de l'acre. Soit aujourd'hui 700 euros pour 0,405 ha, ou 1 730 €/ha.

CONCESSION HORSCH

Les frères Peters ont décidé de diversifier leur activité et ont ouvert une concession de matériels Horsch en 2012. C'est après avoir vu les machines au Farm Progress Show (équivalent d'Innov-Agri pour l'Amérique du Nord), en 2012, qu'ils ont adopté les outils rouges pour les vendre. Une stratégie pour le constructeur allemand, qui souhaite s'implanter durablement dans la zone en étendant son réseau de concessions, relais indispensable aux unités de fabrication récemment créées là-bas.

Dans la fratrie Peters, il a aussi fallu s'adapter à cette diversification, notamment en se partageant les tâches. Chacun a son travail mais personne n'est assigné à un poste de responsabilités en permanence. « Elles sont partagées, affirme Terry. Le boulot administratif, comptable et financier par exemple, c'est plutôt pour Jon et moi. » Sereins, fiers et optimistes, les cinq frères ont déjà parcouru un long chemin depuis la reprise de l'exploitation familiale, en 1976. A cette époque, elle ne couvrait que 280 ha.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement