Login

Allemagne « Je suis passé de 300 à 880 laitières en un an »

Claus Luerssen produit 10 millions de litres de lait sur son exploitation du nord-ouest de l'Allemagne. Méthanisation et photovoltaïque complètent le revenu.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Maison en briques rouges, pavés autobloquants dans toute la cour et petit étang entouré d'un gazon anglais : personne ne pourrait deviner au premier regard qu'une ferme de 880 vaches se cache derrière ce paysage bucolique. Bienvenue à la ferme Rischenhof où Claus Luerssen, sa femme Christiane et son fils Claus produisent 10 millions de litres de lait, à 30 km au nord de Brême.

CROISSANCE EXPONENTIELLE

Claus a repris l'exploitation de son père en 1985. « A l'époque, nous produisions 300 000 l par an, se souvient-il. Nous avons augmenté la taille du troupeau et racheté du quota progressivement, pour atteindre 2,8 millions de litres en 2008. »

C'est là que l'exploitation prend un virage radical, avec la construction d'un nouveau site et l'intégration de 500 vaches supplémentaires. « Nous atteignons maintenant 10 millions de litres avec des prim'holsteins, à 11 500 kg en moyenne, se félicite Claus. Un agrandissement comme le nôtre ne serait plus possible en 2015 car nous n'avons pas les surfaces pour épandre la quantité d'azote produite. » En effet, la famille Luerssen ne possède que 60 hectares de terres et en loue 120. A cela s'ajoutent 140 ha de maïs ensilage acheté sur pied à des agriculteurs voisins. La ferme produit exclusivement du maïs et de l'herbe pour l'ensilage.

Mener un troupeau de près de 1 000 vaches ne laisse pas de place à l'improvisation. « Mon fils visite beaucoup de fermes aux Etats-Unis et au Canada pour s'inspirer de leur organisation et trouver des méthodes qui fonctionnent », explique Claus.

PRIORITÉ À LA SANTÉ

Les vaches sont réparties dans deux bâtiments. Le plus grand abrite les animaux en pleine lactation, avec les primipares d'un côté et les multipares de l'autre, afin de limiter le stress des nouvelles. Les taries sont logées au bout du bâtiment. Le second bâtiment, placé dans le prolongement de la salle de traite, comprend les box de vêlage ainsi que les animaux qui viennent de mettre bas. Un box d'intervention avec une vingtaine de cornadis est prévu pour le parage et les interventions du vétérinaire. Les veaux sont logés à l'extérieur, dans des igloos à six places. Quant aux génisses, elles sont expédiées dans l'est du pays. « Elles partent en camion à six mois et notre prestataire nous les renvoie quand elles sont prêtes à vêler, précise Claus. Nos vaches font en moyenne 4 lactations, il nous faut donc 20 femelles de renouvellement par mois. »

- Trois traites par jour. Pour la traite, Claus a choisi un roto Boumatic de 50 postes. « Nous réalisons trois traites par jour, à 3 h 30, 11 h 30 et 19 h 30. Chacune dure 3 h 30 auxquelles il faut ajouter 30 minutes pour le nettoyage. » Trois salariés sont présents sur le roto. « Nous avons un ordre de passage des lots bien défini, précise Claus. Nous passons ainsi les primipares, qui sont les plus nerveuses, en premier, quand les salariés sont encore frais et dispos.

- Surveillance permanente. Lors de la visite des bâtiments, le calme et la propreté sautent au yeux. L'absence de cornadis contribue au silence. Quant à la propreté, c'est la priorité des Luerssen, qui vont jusqu'à récupérer toute l'eau de pluie qui tombe dans la cour. « Avec un troupeau de cette taille, nous mettons l'accent sur la santé des bêtes avec un salarié dédié exclusivement à la surveillance sanitaire, insiste Claus. Il vérifie chaque vache fraîchement vêlée deux fois par jour avec prise de température, prise de sang et rédaction d'un rapport complet. » Ce technicien vétérinaire est aidé dans sa tâche par le salarié chargé des inséminations.

- Pas de maïs dans le méthaniseur. Derrière les bâtiments d'élevage se cache une installation de méthanisation de 1 030 kW. Claus refuse catégoriquement d'y incorporer du maïs : « Le maïs, c'est pour nourrir les vaches. Dans mon digesteur, je ne mets que la sixième et dernière coupe d'herbe, du fumier, du lisier et les refus des vaches, qui représentent 3 % de la ration distribuée. » Des panneaux photovoltaïques de 500 kW recouvrent les toits.

- Plus gestionnaire qu'éleveur. Avec 15 salariés de cinq nationalités différentes, Claus estime que l'essentiel de son travail est de gérer les hommes, qui à leur tour gèrent les vaches. Grand fan de big data, son fils aime se comparer à ses confrères américains qui n'utilisent pas d'hormones. Père et fils ont ainsi dégagé des marges de progrès. « En donnant un meilleur accès à la table d'alimentation, il est possible d'augmenter de 2 à 3 kg la quantité ingérée quotidiennement. Avec ce levier et le shredlage (lire l'encadré), nous voulons atteindre une production de 12 000 à 12 500 kg par animal. C'est notre seule solution pour produire davantage car nous ne pouvons plus ajouter d'animaux », regrette Claus.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement