Le temps des vaches maigres Le temps des vaches maigres

Envolée, l’euphorie des farmers. Selon les dernières prévisions du département américain de l’Agriculture (USDA), publiées le 24 novembre, le revenu agricole net en 2015 devrait diminuer de 39 % en termes réels, c’est-à-dire après déduction de l’inflation. Par rapport au pic de 2013, la baisse atteindrait 56 %.

Cet effondrement traduit essentiellement la chute des prix de la plupart des grandes cultures et des productions animales, car les tonnages produits et le montant des charges payées par les agriculteurs sont restés relativement stables depuis deux ans.

La légère augmentation des aides directes projetée en 2015 ne suffira pas à compenser la réduction de la valeur des livraisons. La comparaison avec 2013, année précédant l’entrée en vigueur du nouveau farm bill, est éclairante. Entre 2013 et 2015, les aides versées aux producteurs de céréales, d’oléagineux et de coton devraient croître de près d’un milliard de dollars, tandis que les ventes de ces cultures pourraient diminuer de trente milliards. Certes, les aides liées aux prix de marché, qui étaient insignifiantes en 2013, dépasseraient cette année cinq milliards de dollars. Mais leur hausse sera très largement atténuée par la suppression des paiements découplés mise en œuvre dans le farm bill de 2014.

On le voit, les subsides de l’Etat fédéral, même s’ils varient selon les prix des cultures, sont loin de compenser complètement les effets de la volatilité des marchés. De même, en 2015, les aides versées aux producteurs de lait américains devraient être inférieures à celles de 2013, alors que les ventes de lait, depuis deux ans, ont reculé d’environ cinq milliards de dollars.

La protection fournie par le nouveau dispositif de garantie de marge brute des producteurs de lait doit donc être relativisée. Ces évolutions sont d’autant plus inquiétantes pour les farmers que les dépenses de soutien à l’agriculture sont dans le collimateur du Congrès, qui cherche à réduire le déficit budgétaire.