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1. Revoir ses méthodes grâce au conseil 1. Revoir ses méthodes grâce au conseil et à la formation

Vétérinaires et conseillers encadrent les éleveurs décidés à réduire l'utilisation d'antibiotiques par la phytothérapie, l'aromathérapie et l'homéopathie.

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Il n'est plus question de se jeter sur l'armoire à pharmacie et de dégainer un médicament, tel un automatisme rassurant. De nombreux éleveurs semblent prêts à remettre en cause leurs pratiques. Ils seraient mûrs pour changer de regard sur les animaux et réapprendre à poser un diagnostic. Leur premier interlocuteur, c'est le professionnel de la santé animale. « Notre mission est de réapprendre à l'éleveur à observer l'animal, estime Caroline Oulhen, vétérinaire conseil chez Eilyps, en Ille-et-Vilaine. Ils ne manquent pas de connaissances, mais parfois de fondamentaux, dont l'observation fait partie. Les médecines alternatives sont souvent un point d'entrée. »

Aromathérapie, phytothérapie ou encore homéopathie sont des thèmes régulièrement abordés. « La phytothérapie consiste à utiliser tout ou partie d'une plante, définit Pauline Woehrlé, conseillère lait et agrobiologie chez Eilyps. L'aromathérapie est une branche de la phytothérapie, consistant à utiliser les plantes sous forme d'huile essentielle. Ce sont des méthodes délicates qui ne supportent pas l'improvisation. »

De fil en aiguille fleurissent des formations ouvertes aux éleveurs. Elles sont dispensées par des vétérinaires ou par des organismes de conseil en élevage, comme Eilyps, qui développe des groupes d'échanges en Bretagne. « Le challenge, c'est de prouver que ça fonctionne, observe Caroline Oulhen. Certaines méthodes naturelles font déjà l'unanimité, notamment les "recettes de grands-mères" : le miel comme cicatrisant, le yaourt pour les diarrhées des veaux, l'argile... Mais il est difficile de fédérer des publications scientifiques reconnues. Nous faisons parfois face à des personnes pour qui, même dans la vie privée, l'efficacité de ces médecines n'est pas recevable. »

Cet engouement serait-il une conséquence des différentes communications sur l'antibiorésistance ? En partie, probablement. Et la prise de conscience atteindrait les professionnels comme les consommateurs.

REQUÊTE SOCIÉTALE

« Les éleveurs tendent à se diriger vers une agriculture durable et exigent l'innocuité des produits utilisés, lance Pauline Woehrlé. Contrairement aux idées reçues, la réflexion sur les méthodes de soins n'est pas restreinte au bio. Beaucoup d'éleveurs conventionnels franchissent le pas. » Déjà, plusieurs produits homéopathiques ou à base de plantes ont intégré les pharmacies et sont devenus monnaie courante. « Certains éleveurs utilisent les médecines complémentaires sans le savoir, sourit-elle. Pour la santé de la mamelle notamment. Comme ils sont commercialisés sous la même forme qu'un produit conventionnel, avec un mode d'emploi simple, cela passe bien. »

En phytothérapie comme en aromathérapie, il existe deux méthodes d'utilisation : la plus simple est l'achat de produits préparés, pour une utilisation immédiate. La seconde, qui requiert davantage d'anticipation, consiste à se procurer les plantes ou les huiles essentielles pures. Mais gare à l'improvisation. Leur utilisation nécessite des recommandations d'usage. « Ce n'est pas parce que les produits sont naturels qu'ils sont inoffensifs, prévient Caroline Oulhen. Ils peuvent faire beaucoup de dégâts. Mal dosée, une plante peut devenir toxique. Par exemple, l'armoise, aux propriétés vermifuges, contient un neurotoxique. En phytothérapie, avec les bonnes recommandations d'usage, elle est bénéfique pour les animaux. Cependant, son huile essentielle est dangereuse. »

AUTORISATION OBLIGATOIRE

Les produits à base de plantes répondent à des règles. « Si les plantes sont inscrites au tableau des plantes autorisées, le produit exige une autorisation de mise sur le marché, une prescription, et un temps d'attente forfaitaire, rappelle Caroline Oulhen. Si ça n'est pas le cas, l'utilisation est interdite sur les animaux producteurs de denrées alimentaires. Pour échapper à ces normes, le produit doit être considéré comme additif alimentaire. »

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