2. Maîtriser le parasitisme : un enjeu m 2. Maîtriser le parasitisme : un enjeu majeur
Au pâturage, les parasites sont nombreux. Mieux vaut bien les connaître pour mettre en place une stratégie pour les contrer.
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Les agneaux côtoient les parasites dès leur plus jeune âge en bergerie. Mais c'est au moment de la mise à l'herbe que les risques de « mauvaises rencontres » explosent. Pierre Autef, vétérinaire à Bellac, en Haute-Vienne, nous détaille ces principaux « agents perturbateurs » et les symptômes qu'ils peuvent occasionner chez les agneaux. Ce sont des pistes pour mieux cerner la conduite à adopter, sachant que tout protocole sanitaire est à adapter à son exploitation et doit être construit avec l'aide de son vétérinaire.
- Les coccidies et strongles de bergerie. « En bâtiment, les agneaux sont porteurs de coccidies, souligne Pierre Autef. Ils se contaminent en tétant leur mère. Ils sont plus ou moins infectés selon les élevages. Plus rarement, ils peuvent aussi être porteurs de strongles de bergerie (Strongyloïdes papillosus). L'infestation dépend du temps passé à l'intérieur. Mais ceux qui sortent en mars, deux mois après leur naissance, ont de fortes chances d'être porteurs de ces parasites. »
- Le taenia,Moniezia expansa. Dès leur sortie au pré, les agneaux consomment des acariens appelés oribates. Ils sont coprophages et même si les températures descendent très bas pendant l'hiver, ces oribates subsistent. Après ingestion, ils libèrent la larve de taenia dans l'intestin de l'agneau. Le pouvoir pathogène du taenia peut être très important dès le début du pâturage. Les symptômes sont le ballonnement et la laine légèrement « frisottée ». Plus l'agneau est âgé au moment de la sortie et plus il va être en capacité de consommer de l'herbe et donc de s'infester rapidement.
La larve, qui mesure 2 cm au début de l'infestation, peut atteindre 2 mètres au bout de trois semaines. La présence de ces parasites entraîne des perturbations intestinales (motricité, pH...). « L'écosystème » intestinal du jeune animal en est totalement bouleversé. Le développement du parasite est rapide et très pénalisant pour la croissance.
Attention aussi lors d'une forte pousse d'herbe, cette infestation peut être une circonstance favorisante pour le développement de l'entérotoxémie. Mais dans bien des cas, le système immunitaire se met en action au contact des parasites et permet une limitation de l'infestation. L'agneau peut garder une forme d'infestation chronique. Parfois à l'automne, on découvre des anneaux dans les crottes sans pour autant que cela soit inquiétant. Le seuil pour le traitement, c'est quand la croissance des animaux est pénalisée.
- Strongles intestinaux. C'est en mai et juin que les agneaux rencontrent les premiers strongles gastro-intestinaux (Nématodirus battus) qui ont résisté à l'hiver. Les premiers symptômes sont des diahrrées noires, des pertes de croissances et la laine qui frisotte. Des cas de mortalité sont recensés même s'ils sont plus rares.
Plus généralement, pour les autres strogyloses gastro-intestinales, la sortie des animaux dès février sur les parcelles attenantes à la bergerie pendant la journée peut représenter un fort risque de contamination pour les agneaux. Pendant cette période après la mise bas, les brebis excrètent plus d'oeufs de parasite du fait du relâchement de leur système immunitaire. Cette période est aussi nommée periparturient rise (PPR). De ce fait, les agneaux vont consommer des formes infestantes de strongles, vis-à-vis desquels leur système immunitaire ne sera pas compétent avant l'âge de 4 mois. »
- Strongles de la caillette, Haemonchus contortus. Les agneaux se contaminent de juillet à septembre, voire plus tard en automne. Le parasite a besoin de chaleur et d'humidité pour se développer. Il suffit d'un orage pour que les larves se multiplient très rapidement. A partir de 25 °C, le risque est particulièrement important. Le parasite se nourrit de sang (une goutte par jour, alors quand l'agneau est porteur de milliers de parasites, il est rapidement anémié. On peut observer une coloration blanche de la muqueuse de l'oeil, ainsi qu'un oedème sous le cou (signe de la bouteille). La mortalité peut être importante et parfois très soudaine. Lorsque les températures baissent, le cycle du parasite est ralenti, voire stoppé et les risques s'éloignent.
- Grande douve. Pour les agneaux retardataires encore à l'herbe ou ayant pâturé des prés de fond, il peut y avoir des risques de contamination par la grande douve. Les limnées, petits escargots aquatiques, relarguent des métacercaires qui sont consommés par les agneaux qui pourront développer une infestation deux mois et demi à trois mois après. Ces parasites se nourrissent également de sang (hématophages). Ils sont donc à l'origine d'anémie. Ils engendrent retard de croissance et mortalité ou saisies de foie à l'abattoir. Les risques de grandes douves sont réduits sur des terrains drainés ou lors de temps sec.
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