Reportage « Mes agneaux ne consomment pas d'aliment »
A l'EARL Cousin, brebis et vaches se succèdent sur les prairies. Leur conduite, basée sur l'observation, est peu gourmande en intrants et nécessite peu de place en bâtiment.
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Début avril, à la veille de Pâques, les prairies de Guillaume Cousin, sont gorgées d'eau à Montigny-sur-Canne, dans la Nièvre. Pourtant, la plupart de ses brebis qui ont agnelé en janvier et février y pâturent et elles n'échangeraient pas leur place avec celles restées en bergerie. A la mi-mai, les « retardataires » les rejoindront et la totalité des 350 brebis rouges de l'Ouest, texels et suffolks, qui tourneront sur les prairies de l'exploitation. Elles ne rentreront pas avant la fin décembre 2015. Quant aux agneaux, ils ne reviendront dans le bâtiment que pour l'embarquement. Ils n'auront pas consommé le moindre gramme de concentré.
Cette conduite est ancienne au sein de l'EARL familiale (1). Guillaume en a la responsabilité depuis son installation en 2012. Il veille à ce que les brebis et les vaches qui se succèdent sur les parcelles consomment une herbe de qualité. C'est-à-dire, pour les brebis, des brins compris entre 5 et 7 cm. Les vaches pâturent plus haut, avant épiaison dans la mesure du possible. « Quand les tiges sont ligneuses, les brebis ne les mangent pas », observe Guillaume.
A partir du mois d'avril, les brebis tournent seules avec leurs agneaux, par lot d'une centaine, sur la plupart des parcelles de 8 à 10 ha », indique-t-il. Les vaches sortent dès que la portance des terrains l'autorise. Les deux espèces se succèdent mais ne se croisent jamais. « Au printemps, les brebis sortent les premières », signale Guillaume. Par la suite, la rotation sur les prairies est organisée en fonction de la pousse et de la météo. Parfois, ce sont les bovins qui précèdent les moutons. » Il arrive aussi que les brebis sortent à « 3 cm ». Mais dans ce système, les refus sont rares. « S'ils apparaissent sur la parcelle, je retire les animaux pour les faucher, souligne Guillaume. L'important étant d'obtenir de belles repousses. » La conduite varie d'une année à une autre et découle toujours des observations.
SEVRAGE À 130 JOURS
Avec cette herbe jeune, la croissance des agneaux est régulière. Guillaume ne les pèse pas. Il repère ceux qui ont globalement atteint 40 kg. Il vérifie ensuite leur état d'engraissement en palpant le dos. Les ventes s'étalent jusqu'en septembre, sachant que les premiers partent au sevrage fin juin-début juillet. Ils ont environ 130 jours. Les autres retournent au pâturage en deux lots : les mâles d'un côté, les femelles de l'autre. Dans le cadre d'une expérimentation du réseau herbe, les croissances des agnelles mesurées au cours des deux dernières années sont autour de 225 g entre la mise à l'herbe et le sevrage, sachant que les poids à la mise à l'herbe définitive sont de 17 kg à 54 jours en moyenne.
Contre les parasites, la conduite de Guillaume est aussi basée sur l'observation. « Je ne traite pas contre la coccidiose systématiquement. Je surveille les plus faibles ou ceux dont les mères sont les moins laitières. Ce sont les plus sensibles. Mais la pression parasitaire n'est pas très forte. »
Avant le sevrage, un à trois traitements sont réalisés contre les strongles et le taenia avec un produit à base de fenbendazole, non rémanent. L'apparition de diarrhée ou le ralentissement de la croissance constituent des éléments déclencheurs. Après le sevrage, Guillaume pratique un traitement contre les strongles avec un produit à base de moxidectine qui est rémanent. Toute l'année, brebis et agneaux ont aussi à leur disposition un complément nutritionnel homéopathique antiparasitaire.
La mixité des productions bovine et ovine est un atout pour la maîtrise des parasites qui sont différents pour chaque espèce. Surtout dans le cas des strongles.
Guillaume mise beaucoup sur un bon démarrage des agneaux. Pour cela, il sélectionne ses brebis depuis de nombreuses années sur la production laitière. Tous les béliers proviennent d'élevages inscrits. « Je n'achète jamais un mâle qui n'est pas indexé au moins "+10" en valeur laitière », insiste-t-il. L'alimentation des brebis avant l'agnelage est aussi une clé de la conduite. Elles reçoivent 500 g par jour d'orge et d'avoine produites sur l'exploitation dans le mois qui précède la mise bas. Pendant les deux mois qui suivent l'agnelage, les brebis reçoivent 800 g par jour d'un mélange de céréales et de tourteaux. Cette charge représente la principale dépense du système. Elle s'élève à 65 kg par brebis et par an. A cela s'ajoutent 24 kg de céréales pour le flushing et 3 kg de sel et minéraux. « Cette consommation reste très inférieure à la moyenne de la zone, qui s'élève à 125 kg, souligne Christophe Rainon. Côté produit, Guillaume a vendu 349 agneaux en 2014, à 127,33 € en moyenne par tête. Il a aussi gardé 120 agnelles.
(1) Guillaume est associé avec ses parents Isabelle et Bernard et son frère Thibault. Ils conduisent 200 vaches allaitantes et 350 brebis sur 330 ha de prairies et 100 ha de céréales.
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