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1. Des salariés pour assumer des respons 1. Des salariés pour assumer des responsabilités extérieures

Au Gaec du Vallonnais, Philippe Marie et Thomas Pelletier ont préféré embaucher plutôt qu'acheter un robot.

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Salarié ou robot de traite ? La question s'est posée en 2013 pour Philippe Marie et Thomas Pelletier, associés du Gaec du Vallonnais à Vaux-sur-Aure, dans le Calvados. La salle de traite, âgée de 25 ans, tombait trop souvent en panne. « Les coûts d'un robot ou d'un salarié étaient équivalents, explique Thomas. La différence s'est faite sur les possibilités offertes par chacune. Avec 580 000 litres de quota, une seule stalle aurait été trop vite saturée. Un robot nous aurait privés de la possibilité de faire pâturer du fait de notre parcellaire. »

PAS QUE LA TRAITE

Philippe, responsable de l'atelier lait (1), craignait de voir davantage de responsabilités peser sur ses épaules avec l'arrivée d'un robot. « Je sentais que j'allais perdre en sérénité avec cet équipement, avoue-t-il. Et il ne sait faire que la traite. Un salarié peut nous remplacer pour s'occuper des veaux, faire un tour aux vaches... et aussi pendant les week-ends et les vacances ! » Ainsi, Benjamin Cocul, déjà apprenti sur la ferme depuis deux ans, a été embauché en CDI à temps plein en plus d'Anthony Cholet, déjà salarié sur l'exploitation depuis 2012. « Benjamin connaissait l'exploitation et cela fonctionnait bien entre nous. »

REPOS 3 WEEK-ENDS SUR 4

Benjamin et Anthony travaillent chacun 4 jours par semaine, 9 heures par jour et assurent la traite une semaine sur deux, avec un associé le matin et seul le soir. « N'ayant pas à traire le soir, nous avons le temps pour d'autres activités sans avoir la contrainte de l'heure de retour à la ferme », précise Philippe. Chacun des associés et des salariés est capable de gérer seul l'astreinte, notamment le week-end. Ainsi, chacun ne travaille qu'un week-end sur quatre. « Le dimanche, le travail est allégé car nous ne nourrissons pas. Nous avons essayé de ne faire qu'une traite dominicale en gardant les horaires habituels. Cependant, nous avons abandonné cette idée car nous avions trop de cellules. »

Grâce à la présence de Benjamin et d'Anthony, Philippe et Thomas se consacrent en moyenne deux jours par semaine à leurs responsabilités extérieures : contrôle laitier, FDSEA, syndicat des fruits à cidre, coopérative... « C'est une volonté de notre part, explique Thomas. Nous ne souhaitons pas rester enfermés sur nous-mêmes au sein de la ferme. »

Les temps de repos sont également plus importants. « Je peux m'occuper de mes deux filles trois week-ends sur quatre pendant que mon épouse travaille ; c'est un grand avantage ! s'enthousiasme Philippe. En outre, chacun des associés prend trois semaines de congés par an. Nous n'avons aucun souci à confier l'exploitation à Benjamin et Anthony. Ils ont notre confiance et en cas de problème, nous sommes joignables et il y a toujours un voisin agriculteur disponible. »

PASSAGE DE CONSIGNES

En termes d'organisation, le petit déjeuner, après la traite, est l'occasion de transmettre les consignes pour la journée. « C'est un moment d'échanges, commente Thomas. Nous répartissons les tâches de la journée et régulièrement débordons des sujets quotidiens pour aborder des problématiques plus larges, comme ce matin, le choix des niches à veaux. »

De nombreux panneaux répartis dans l'exploitation permettent à chacun d'avoir le même niveau d'information : les vaches en traitement dans la salle de traite, les rations près des cases à veaux, le suivi des chaleurs dans le bâtiment des vaches... « Nous acceptions que Benjamin et Anthony ne travaillent pas exactement comme nous mais il faut un cadre, précise Philippe. Si ces différences n'ont pas de conséquences, nous laissons faire. D'ailleurs ils ont de bonnes idées. En tant qu'employeur, nous devons garder de la souplesse. Ayant déjà été salarié, c'est plus facile de se mettre à leur place. »

A leur échelle, Philippe et Thomas sont contents de participer à la vie de la société. « Au lieu d'acheter un robot étranger, nous embauchons des jeunes alentour, se félicite Philippe. Etre employeur nous plaît en termes de philosophie. »

(1) Le Gaec produit également des pommes à cidre sur une dizaine d'hectares.

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