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Faire voler un drone pour ajuster la fer Faire voler un drone pour ajuster la fertilisation

En Loire-Atlantique, l'aéronef vole à 75 mètres au-dessus des parcelles de colza et prend des photos qui, une fois traitées, permettront de moduler les apports d'azote.

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Drôle d'oiseau que celui volant au-dessus des parcelles de Daniel et Didier Rupaud. Les deux frères associés ont fait appel aux services de la chambre d'agriculture départementale pour réaliser un essai de vol de drone au-dessus des 25 ha de colza cultivés cette année. Exploitants du Gaec Les trois moulins, à Ligné, en Loire-Atlantique, ils sont installés sur une surface de 220 ha, dont 170 ha de grandes cultures. En parallèle, ils sont naisseurs-engraisseurs de 240 truies et élèvent une trentaine de vaches allaitantes. Cette double activité les contraint à des épandages planifiés et précis de fumier et de lisier. D'autant plus que le territoire est classé en zone vulnérable à la pollution par les nitrates. Les deux frères ont l'obligation d'établir un plan prévisionnel de fumure et de tenir un cahier d'épandage.

UN SERVICE INTÉGRÉ

« Non seulement nous sommes contraints pour la qualité et la quantité d'azote à épandre mais, en plus, c'est un intrant qui coûte cher, expliquent Daniel et Didier Rupaud. Nous devons donc orienter nos pratiques. Nous nous sommes rapprochés de la chambre d'agriculture. Elle nous a proposé de tester l'utilisation d'un drone pour estimer les besoins du colza. »

Depuis quelques mois, la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique propose un service appelé « Mes dron'images ». Elle l'intègre dans l'offre « Mes parcelles », répandue dans de nombreux départements. L'originalité du fonctionnement réside dans la collaboration avec la société Airinov. Cette dernière intervient sur site pour les vols de drones. Au préalable, elle s'occupe d'organiser les chantiers et de définir les plans de vol. La mission exécutée, elle traite les images dans ses locaux et les envoie au service informatique de la chambre d'agriculture.

DU SONDAGE EN VOL A LA MODULATION

Préparation du drone. L'organisation d'un vol de drone à voilure fixe ne demande qu'une seule personne sur le terrain. Elle nécessite l'utilisation d'un ordinateur, d'un système radio et d'une mire de calibration. L'ordinateur contient le plan de vol. Celui-ci est transmis au drone par liaison USB. Les capteurs situés sur la face inférieure de l'engin sont calibrés grâce à une mire ou tablette de calibration, placée quelques secondes sous le drone. Celui-ci, équipé d'un luxmètre sur le dessus, mesure la luminosité pendant le vol.

Résolution de 15 cm. Le drone eBee utilisé par Airinov a une façon particulière de décoller. Trois impulsions d'avant en arrière, à l'horizontal, sont nécessaires pour démarrer l'hélice. Le drone décolle alors pour atteindre le point de départ de son plan de vol. L'engin réalise ensuite le parcours planifié en prenant les photos demandées. Lors de chaque prise de vue, l'aéronef se stabilise légèrement dans la meilleure position possible. Puis il poursuit son itinéraire à une altitude d'environ 75 m et à une vitesse pouvant atteindre 70 km/h. A cette hauteur, la résolution des prises de vue atteint 15 cm. Pour ce type de mission, le drone a une autonomie de 30 minutes et couvre 50 à 80 ha. Chez Daniel et Didier Rupaud, ce sera un peu moins long, la parcelle couverte ayant une surface de 9,8 ha. Si on observe une certaine souplesse dans le décollage de l'appareil, l'atterissage est très différent : le drone descend en piqué et s'engouffre à toute vitesse dans le colza. Dans le cas d'une mission non terminée, il faudra simplement changer la batterie et la carte SD. Une fois le processus de décollage effectué, le drone reprendra son plan de vol.

Fourniture et utilisation des images. Les prises de vue réalisées en entrée et sortie d'hiver sont stockées sur carte SD puis traitées dans les locaux d'Airinov. L'entreprise envoie ensuite à la chambre d'agriculture les cartes de biomasses. Elles sont une retranscription de la lumière reflétée par le feuillage, indicateur du développement du couvert. Elles révèlent l'hétérogénéité de la croissance de la culture et leur comparaison permet de fournir la carte de fertilisation. L'envoi est complété par la carte de modulation, si l'exploitant possède le matériel adéquat. Le conseiller de la chambre d'agriculture intègre la carte dans le service choisi et il se déplace pour discuter de la préconisation proposée. Les agriculteurs intègrent ensuite la carte dans leur boîtier de guidage, s'ils en sont équipés, ou réalisent manuellement la modulation de l'apport azoté.

Au Gaec des Trois moulins, ce sera cette dernière solution qui sera retenue. « Nous ne sommes pas encore équipés pour la modulation automatique de la fertilisation, confirment Daniel et Didier Rupaud. Si nous sommes convaincus de l'intérêt du drone, si cela nous permet de mieux utiliser voire de moins consommer d'intrants azotés et d'avoir moins d'incidences sur l'environnement, alors nous continuerons à souscrire au service. Nous investirons peutêtre pour passer à une modulation automatique. Pour le moment, nous avons uniquement la barre de guidage sur le Valtra N 111. Quant à notre distributeur d'engrais, un Vicon RSM à double plateau de 24 m, il ne possède pas de dispositif de coupure automatique des tronçons. »

Equipement. Daniel et Didier Rupaud soulèvent le principal frein à l'utilisation du drone dans leur contexte d'exploitation : l'investissement dans les matériels permettant d'exploiter efficacement les données du drone. Le service « Mes dron'images » coûte quant à lui 75 E les 5 ha pour la fourniture de carte, 190 E les 5 ha avec conseils et 15 E l'hectare supplémentaire. Le conseil est intégré dans une démarche globale, à la fois agronomique, de protection des cultures et pour la fertilisation. Le service, lancé en septembre 2013, concerne uniquement le colza. Il sera proposé pour le blé dès la prochaine campagne, grâce à un nouveau capteur.

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