1. Rouille jaune L'inoculum fait souche 1. Rouille jaune L'inoculum fait souche
La rouille jaune a été la maladie la plus préjudiciable sur blé tendre cette année. Elle pourrait encore être très présente en 2015. Il faut adapter la cadence des traitements pour ne pas être submergé.
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La pression des maladies sur blé tendre au cours de la campagne 2014 a été des plus fortes depuis 2000. Le climat très humide et chaud explique ces attaques. Arvalis estime que, sans protection fongicide, l'incidence moyenne de la septoriose et de la rouille brune, principaux pathogènes observés en France, a été de 21,7 q/ha sur 53 essais. La moyenne pluriannuelle est de 16,9 q/ha. Si on additionne les attaques de rouille jaune (44,9 q/ha en moyenne sur 17 essais), très présentes en 2014, cette nuisibilité passe à 27,2 q/ha.
AUGMENTATION DU NOMBRE DE TRAITEMENTS
Le coût de la protection fongicide a atteint 87 €/ha, soit 7 € de plus que l'an passé. Il s'est accompagné d'une augmentation du nombre de traitements, à 2,43 en moyenne. « Beaucoup d'agriculteurs ont réalisé un passage supplémentaire, informe Jean-Yves Maufras, ingénieur pôle maladies et méthodes de lutte chez Arvalis. C'est cohérent compte tenu de la forte présence de rouille jaune. Si 44,5 % des hectares ont été traités en deux fois, la proportion de parcelles recevant trois et quatre traitements a légèrement augmenté. »
La rouille jaune est en grande partie responsable de ce bilan. Elle a touché de nombreuses régions (voir la carte ci-contre). « La rosée a été un facteur déterminant de son développement », ajoute Jean-Yves Maufras. Dès février, le champignon était repéré sur blé tendre et autres céréales. Puccinia striiformis s'est déclaré dans certaines zones de Normandie, de Picardie, d'Ile-de-France, du Nord-Pas-de-Calais et de la Bourgogne. Alors que la maladie se manifeste plutôt dans les régions littorales du Nord-Ouest, elle s'est propagée aux zones méridionales. L'est de la France étant moins touché.
WARRIOR/AMBITION DOMINANTE
La rouille jaune débute à l'intérieur des parcelles semées avec des variétés sensibles. Elle prend la forme de petits foyers (1 m2 de superficie) qui se propagent si le climat le permet. On constate des taches chlorotiques allongées, ainsi que des stries parallèles aux nervures, avec des pustules jaunes à orange. Ces stries sont remplacées par des pustules noires, qui initient la phase de reproduction.
Plusieurs races de rouille jaune existent. Warrior/Ambition, apparue en 2011 et devenue dominante, se reconnaît au nombre important de pustules noires. Les résultats d'analyses pour 2014 ne sont pas encore connus mais il semble que Warrior/Ambition sera encore très présente en 2015. Elle se caractérise par un large spectre de virulences capables de contourner les gènes de résistance spécifiques au stade plantule. « Elle a contribué à la gravité des épidémies de 2014 », souligne l'institut. Cette race « exotique » s'est adaptée à de nombreux pays européens et se retrouve sur tout notre territoire. Une nouvelle race, KWS Sterling, a été détectée en 2011 en Grande-Bretagne et sa présence est suspectée en France, sans avoir été repérée.
Dans les zones à risque, il est recommandé d'utiliser les variétés résistantes (notées de 8 à 9) à la rouille jaune. Elles restent le moyen le plus économique pour contrôler le pathogène (lire le témoignage page 45), même si la résistance est parfois fragile. Elles représentent 40 % des surfaces de blé tendre en France et n'ont pas besoin d'être traitées. Toutefois, en 2014, des variétés classées peu sensibles ont été attaquées tôt, avant qu'elles aient atteint leur stade de résistance. En effet, certaines sont résistantes tout au long du cycle, tandis que d'autres sont efficaces en fin de montaison et durant le remplissage mais seront sensibles durant le tallage et au début de la montaison.
LES PRODUITS EFFICACES
Alors que le premier traitement contre la rouille jaune a lieu autour du premier noeud, les foyers précoces ont induit des applications plus tôt. « Force est de constater que le T0, au stade épi 1 cm, a été efficace, observe Arvalis. Toutefois, devant la pression parasitaire exceptionnelle, la persistance des produits n'a pas dépassé trois semaines. »
Dans ses essais, l'institut a démontré que, sur des variétés sensibles précocement atteintes, un T0 au stade tallage n'avait de sens que s'il était relayé. Il fallait alors partir sur cinq traitements. Dans les autres situations, les seuils de déclenchement sont restés les mêmes : dès épi 1 cm sur les foyers actifs et au stade 1 noeud en présence de pustules dans la parcelle.
« En réalité, si la rouille jaune est très nuisible, elle n'est pas compliquée à contrôler, quelle que soit la race », ajoute Jean-Yves Maufras. Les essais de 2014 ont démontré que toutes les triazoles ou doubles triazoles ont fonctionné. Il est possible de compléter leur action avec une strobilurine. En revanche, il est conseillé de réserver un SDHI au T2 pour venir à bout de la septoriose. Même si certaines triazoles sont un peu moins efficaces, la condition est de repasser toutes les trois semaines. Une intervention a coûté approximativement 20 euros. Arvalis insiste : « Il ne servait à rien d'augmenter cette enveloppe car cela ne prolongeait en aucun cas la durée de protection. » En outre, ces résultats sont vérifiés quelle que soit la race mise en cause.
En juillet et août, les conditions météorologiques ont été favorables au développement et au maintien des repousses. Puccinia striiformis se conserve sur ce type de tissus vivants. Les conditions de l'automne ont favorisé le pathogène, qui a migré sur les jeunes semis. « Les conditions climatiques hivernales détermineront la quantité d'inoculum disponible en sortie d'hiver. La rouille jaune sera très probablement présente en 2015 mais plus ou moins précocement », avise le spécialiste.
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