Stéphane Le Foll, ministre de l'Agricult Concilier intérêts national et européen
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En 2009, alors député européen, vous parliez des Etats membres comme des adversaires sur le budget. Avez-vous changé d'avis ?
Non, je me fondais alors sur la lettre signée par les chefs d'Etat dont David Cameron, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, qui prévoyait un gel du budget de l'Union européenne au nom de l'austérité. Quand je suis arrivé rue de Varenne, avec François Hollande, nous avons mis tout en oeuvre pour que le niveau du budget soit le plus élevé possible : Pac bien entendu et fonds sociaux-structurels. La négociation conduite par le président de la République a permis de redresser une situation qui n'était pas bien engagée. C'est tout à fait conforme à ce que je pensais à l'époque.
Après l'accord sur la Pac en juin 2013, vous aviez laissé entendre que la procédure de décision tripartite ne fonctionnait pas. Remettez-vous en question la codécision ?
Non, le Parlement est dorénavant colégislateur avec le Conseil des ministres. En revanche, il faut trouver une cohérence en termes d'exécutif. La Commission fait une proposition de directive. Le Parlement et le Conseil, chacun de leur côté, adoptent une position en négociation avec la Commission. Puis le « trilogue » permet de finaliser la position commune des deux législateurs. Ce sont ces deux textes qui font le débat au bout du bout. A ce stade, la Commission ne devrait plus intervenir.
Comment avez-vous travaillé avec le Parlement européen ?
J'ai fait en sorte de m'appuyer sur lui. Sur le couplage des aides par exemple, il a été un élément important pour pousser l'idée d'un couplage général de toutes les aides. C'était aussi la volonté exprimée de la France qui s'est traduite au niveau du Conseil. De la même façon, quand j'étais député européen, j'avais fait voter un amendement - adopté à une majorité assez large – dans le cadre du rapport Dess, pour introduire la dégressivité des aides en plus de leur plafonnement. Cela s'est traduit par la surprime sur les premiers hectares que j'ai ensuite défendue en Conseil.
Dans ces négociations, l'intérêt national prime-t-il sur l'intérêt européen ?
Dans le débat des groupes politiques, qui représentent tous les pays, bien sûr il y a les logiques nationales qui s'expriment. Mais c'est la volonté européenne qui s'incarne. J'en ai fait l'expérience. La grande utilité du Parlement est de hisser le débat démocratique et politique au niveau de l'intérêt européen. Quand on est au Conseil, chaque ministre doit prendre en compte de manière spécifique les intérêts nationaux. C'est son rôle. En même temps, la recherche du compromis fait que, au bout du compte, il y a aussi un intérêt global européen.
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