Jean-Marc Onno valorise près de 85 % de Jean-Marc Onno valorise près de 85 % de la chaleur

« Un bon éleveur fait un bon méthaniseur », voilà le credo de Jean-Marc Onno, pionnier de la méthanisation en Bretagne.

Installé sur 130 hectares, il est à la tête d'un atelier naisseur-engraisseur de 265 truies.

« Depuis février 2010 et la mise en route de mon unité de méthanisation de 110 kWe, j'élève plus d'un million de bactéries anaérobies. Et comme dans l'élevage des porcs, tout est affaire d'équilibre. »

Un équilibre de la ration tout d'abord, puisque l'éleveur incorpore quotidiennement entre 12 et 15 m³ de lisier « en faisant attention à mélanger celui des charcutiers avec celui des maternités », puis 4 tonnes d'ensilage de cultures dérobées, des champignons et des déchets de céréales.

La ration est complétée par 1,5 m³ de graisses issues des industries agroalimentaires. L'important pour l'éleveur est de maîtriser la qualité des produits incorporés et d'éviter les pics de soufre.

Un équilibre comptable ensuite, puisque Jean-Marc, qui bénéficie de l'ancien tarif, vend son électricité à 15,5 c/kWh. Cette performance est obtenue grâce à une prime maximale de 3 c/kWh pour la valorisation de la chaleur.

« En moyenne, je suis entre 80 et 85 % de valorisation avec quelques pics en hiver et un creux à 60 % au coeur de l'été. Pour cela, j'affecte 30 % de la chaleur au process du digesteur et j'en valorise 50 % dans mes porcheries, ma maison, des habitations du village et une champignonnière. »

La mise en route de cette dernière, située à 360 mètres de l'unité de méthanisation, a créé un débouché régulier pour la chaleur du méthaniseur et plusieurs emplois locaux.

« Pour le chauffage des appartements, j'ai assuré toute la mise en place du réseau jusqu'à la pose des échangeurs à plaques dans chaque logement. Dans la porcherie, j'ai monté tout un système de chauffage par le sol, avec un réseau souterrain de 1,3 km d'eau chaude. Les porcelets sont maintenant placés sur des matelas chauffants et je limite l'utilisation de l'infrarouge aux heures suivant la naissance. »

Jean-Marc se félicite de cette installation, qui lui permet de diviser par deux la consommation électrique de l'élevage. A Guernequay, la chaleur est si bien valorisée qu'elle vient à manquer pendant les mois d'hiver.

« Je suis parfois contraint d'arrêter de chauffer le digesteur pour continuer à approvisionner l'élevage, la champignonnière et les appartements. Mais le problème devrait se résoudre très prochainement avec l'arrivée d'un second moteur et le passage à 245 kWe, comme le prévoit le dimensionnement de mon unité. Cela me permettra d'envisager d'autres utilisations pour l'eau chaude comme la désinfection des bâtiments d'élevage à la vapeur d'eau pour supprimer les produits chimiques. »

Jean-Marc Onno a entièrement sécurisé son installation de méthanisation. Grâce à une lagune de rétention et à une fosse de stockage des digestats couverte, il n'y a aucun rejet gazeux ni liquide dans le milieu.

Ration. Pour la partie solide, Jean-Marc Onno incorpore des cultures dérobées ensilées et des déchets de champignons.

Réseau. Chaque tuyau alimente un réseau de chaleur spécifique (porcherie, champi-gnonnière, appartements...).

Débouché. La champignonnière valorise la chaleur du méthaniseur toute l'année.

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