Une année de réforme tumultueuse pour le Une année de réforme tumultueuse pour le syndicalisme majoritaire
La réforme de la Pac révèle les divergences entre FNSEA et Conf' mais attise aussi les tensions au sein même de la « grande maison ».
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Jusqu'au bout le ministre a espéré un consensus entre les syndicats sur la réforme de la Pac. Il a dû se résoudre, autant sur les aides découplées que sur les aides couplées, à trancher. Depuis son vote à Bruxelles en juin et, dans la foulée, l'installation de la concertation en France, deux visions de l'agriculture se sont affrontées. Celle de la production et des filières, prônée par la FNSEA, et celle des producteurs, soutenue par la Confédération paysanne. La première défend des critères de productivité, de spécialisation et de contractualisation. La deuxième plaide pour un plafonnement des aides, une majoration sur les premiers animaux et une exclusion des céréaliers au bénéfice du couplage. Rien d'étonnant dans ces postures. La réforme ne fait que jouer le rôle de révélateur.
Règlements de comptes feutrés
Moins habituelles mais tout aussi prévisibles, les dissensions au sein même de la « grande maison ». En 2008, lors du bilan de santé de la Pac et de la première réorientation des aides, céréaliers et éleveurs de la FNSEA s'étaient invectivés par presse interposée. Cette fois, les règlements de comptes ont été plus feutrés mais tout aussi virulents. Les producteurs de plaine, grands perdants de la convergence, ont réclamé un « rééquilibrage » en faveur de leurs zones via les aides couplées à la production. Ils se sont heurtés aux représentants des massifs montagneux qui leur ont rappelé que, sans aide, ce n'est pas la céréalisation qui guette mais l'abandon pur et simple de ces territoires. Dans ce combat, la FRSEA du Massif central n'a pas hésité à marteler dans les journaux la position des éleveurs fédérés, très proche de celle des confédérés.
Une autre bataille a opposé les éleveurs laitiers aux éleveurs allaitants. Les premiers réclamaient une part de l'enveloppe des aides couplées aux seconds, pour éviter qu'avec la fin des quotas laitiers, trop d'éleveurs n'abandonnent le lait pour la viande. A se demander comment la FNSEA peut encore parler d'une seule voix.
JA trublion.
Les tensions sont aussi générationnelles. Jeunes Agriculteurs refuse d'être à la traîne de ses aînés et est bien décidé à faire entendre sa voix. Quitte à les titiller en public, comme lors de son congrès annuel, qui s'est tenu début juin, à Metz. Son président, François Thabuis, avait offert à cette occasion une calculette aux services de la FNSEA, symbole de leur désaccord sur les simulations réalisées à propos de la convergence interne des aides Pac. Autre impertinence, la remise dans la foulée à Xavier Beulin d'un livre au titre évocateur : « Osez la vie à deux ! » Un manuel du couple, pour lui rappeler que « discuter suppose d'envisager l'éventualité de prendre en compte la position de l'autre ». Sourires crispés en retour. Tout le monde n'apprécie pas les taquineries de JA. Qu'importe. Les jeunes poursuivent leurs travaux de leur côté : territorialisation de l'agriculture, retrouvailles avec le MRJC (1) pour un colloque commun sur l'installation, réflexion sur un réseau alternatif de distribution alimentaire, dont les premiers tests sont attendus en 2014…
« Il faut sortir des lignes idéologiques, renouer le dialogue entre partenaires malgré les divergences naturelles », martèle François Thabuis. Un discours qui ne passe pas toujours dans les couloirs de « la grande maison ». Ni même dans le réseau JA.
(1) Mouvement rural de jeunesse chrétienne.
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