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Face à des veaux malades, poser le bon d Face à des veaux malades, poser le bon diagnostic

Après avoir soigné ses animaux, il convient d'évaluer ses pratiques d'élevage et de les corriger si besoin. Nicolas Poret, éleveur en Mayenne, s'est prêté à l'exercice.

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Lorsqu'un veau est confronté à des pathologies néonatales, il est impératif de le soigner. Mais aussi d'engager une démarche de diagnostic, afin de déterminer l'origine des problèmes et d'y remédier. La nurserie est souvent négligée en élevage laitier. Pourtant, les coûts directs en frais vétérinaires, le manque à gagner induit par les retards de croissance des animaux malades et leurs baisses de performances ultérieures, ainsi que la lutte contre l'antibiorésistance (lire ci-contre) sont autant d'enjeux à relever.

Se pencher sur ses problèmes pour mettre en place une meilleure prévention peut s'avérer payant, même si rien n'est jamais acquis. Nicolas Poret, installé à Saint-Pierre-des-Nids (Mayenne) depuis dix ans, en a fait l'expérience. Il a remis ses pratiques en cause il y a cinq ans, lorsqu'il a perdu 15 % de veaux à la suite de pathologies respiratoires. Il leur consacre désormais du temps et un bâtiment neuf. Quand il rejoint son père sur l'exploitation familiale, en 2003, le troupeau compte 35 vaches laitières. Les veaux sont logés dans une ancienne étable. L'ambiance du bâtiment n'est pas parfaite mais la faible concentration d'animaux limite la pression des pathogènes. Si des diarrhées et quelques toux sont à signaler, elles pénalisent peu l'atelier. « Nous perdions moins de 10 % des veaux », estime Nicolas. Suite à des attributions de quotas, en particulier lors de l'installation de sa femme Angélique en 2008, l'effectif passe à 55 vaches, dont trois quarts de normandes et un quart de prim'holsteins. Avec 55 veaux dans la vieille étable, les problèmes respiratoires explosent. « Cette année-là, 100 % des veaux ont été malades et nous en avons perdu huit ! Avec 85 % des vêlages groupés entre juin et août, et le reste avant mi-octobre, le bâtiment était saturé. » Après analyses, il s'avère que le virus respiratoire syncytial est en cause. Le vétérinaire de l'élevage, Loïc Guiouillier, propose de vacciner les veaux.

NOUVELLE NURSERIE

Ce traitement est reconduit en 2009. « Nous avons subi beaucoup moins de pertes, seulement deux ou trois. Mais la vaccination ne pouvait pas être totalement efficace, compte tenu des conditions de logement. » Ces années-là, les frais vétérinaires sur les veaux dépassent 3 500 €. « J'ai aussitôt décidé de construire une nouvelle nurserie », dit Nicolas. Il s'appuie sur ses expériences passées en tant que salarié agricole et vacher de remplacement pour dresser les plans d'un bâtiment sain et fonctionnel de 70 places, pour un coût total de 40 000 € (équipement inclus, avec une part d'autoconstruction). Le bâtiment est inauguré en 2010. La vaccination est stoppée mais aucun trouble n'apparaît. « Nous n'avons rencontré aucun problème, ni respiratoire ni de diarrhée. Nous n'avons eu aucune perte », se félicite Nicolas. C'est l'occasion d'appliquer une conduite plus rigoureuse. « J'ai un box de vêlage mais les mises bas ont plus souvent lieu dehors, c'est l'idéal d'un point de vue sanitaire. » Les veaux sont logés en cases individuelles dans une première salle, pendant huit jours. Nicolas évalue la qualité du colostrum de leur mère grâce à un pèse-colostrum avant de le distribuer. S'il n'est pas bon, il est jeté et le veau reçoit alors un colostrum de qualité d'une autre vache, conservé congelé. A huit jours, les veaux passent dans la nurserie, à raison d'une dizaine par case, pendant trois mois.

DES RECHUTES INÉVITABLES

Le risque zéro n'existe pas. La deuxième année, des diarrhées apparaissent, la cryptosporidiose est décelée. « L'origine de cette contamination n'a pas été identifiée mais l'ambiance du bâtiment n'est pas en cause », précise Loïc Guiouillier. Les veaux malades sont réhydratés et reçoivent un pansement intestinal. L'année 2012 se déroule sans problème mais 2013 signe le retour des diarrhées. Cette fois, un rotavirus est impliqué. « Nous avons aussitôt mis en place la vaccination des mères à plus de trois semaines du terme, afin d'enrichir leur colostrum en anticorps, explique Loïc Guiouillier. Pour celles dont la gestation était trop avancée et pour faire face à une rupture de stock de vaccins, les veaux dont les mères n'avaient pas bénéficié de la vaccination ont reçu un séro-colostrum du commerce enrichi en anticorps. » Nicolas essaie également l'homéopathie. Ainsi, il a appliqué un remède efficace à base de camphre sur un veau de six jours souffrant d'une diarrhée virale et qui était en hypothermie afin de le réchauffer. Il a aussi utilisé un remède sur ceux qui refusaient de boire, avec succès.

« D'une année sur l'autre, les pathologies diffèrent, souligne Loïc Guiouillier. Il faut sans cesse réévaluer la prévention. L'éleveur peut jouer la carte de la sécurité maximale en vaccinant systématiquement. » Pour 2014, c'est ce que Nicolas a décidé. « Nous travaillons en vêlage groupé. La situation peut vite déraper. » Malgré cela, il s'estime gagnant. « Les frais vétérinaires en moins couvrent largement les investissements liés au bâtiment. L'an dernier, les dépenses de santé se sont limitées à 300 € ! » Sans compter le temps en moins à soigner les veaux.

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