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Sécher le foin en récupérant la chaleur Sécher le foin en récupérant la chaleur méthaniseur

Le Gaec de l'Aurore valorise la chaleur du méthaniseur pour accélérer le temps de séchage en vrac et ainsi conserver le maximum d'énergie contenue dans l'herbe.

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Nous cherchons à valoriser au maximum le fourrage issu de nos prairies avec le séchage en vrac. L'apport de chaleur provenant du méthaniseur améliore le temps de séchage et nous assure un fourrage de qualité », se félicite René Monnier. Le Gaec de l'Aurore se situe à Reugney, dans le Doubs, à 700 m d'altitude. Les six associés exploitent 220 hectares, dont 140 sont destinés à la fauche, avec trois coupes. L'exploitation produit 870 000 l de lait à comté, 1,28 million de kW d'électricité avec la méthanisation et des légumes sous une serre de 850 m2. Ils sont commercialisés en vente directe sur la ferme.

Pour la production de lait à comté, seuls le foin et le regain sont admis comme aliments de base dans la ration des 110 vaches laitières. Le Gaec a toujours utilisé le séchage pour la récolte et le stockage du fourrage. Depuis un an et demi, la chaleur du méthaniseur maintient une température constante dans la serre. En été, elle est principalement utilisée pour le séchage du foin et du regain.

SOUFFLER DE L'AIR CHAUD OU DÉSHUMIDIFIÉ

« Le but recherché avec le séchage en grange est de figer rapidement la valeur alimentaire du foin et du regain », explique René. Pour cela, les adhérents misent sur la qualité de la récolte et du séchage dans les cellules. Le fourrage ne doit pas rester trop longtemps sur la parcelle pour limiter les pertes en énergie et en protéines. Une fois dans la cellule, le taux de matière sèche doit rapidement atteindre 80 % grâce au séchage.

Le bâtiment de stockage recouvre quatre cellules de séchage. « Souffler de l'air réchauffé ou déshumidifié augmente sa capacité à se charger en eau, et ainsi à sécher le fourrage plus rapidement », signale l'agriculteur. Deux cellules fonctionnent avec la chaleur du méthaniseur et deux autres avec une pompe à chaleur.

Air ambiant et chaleur du méthaniseur. L'air ambiant est mélangé à de l'air chauffé et soufflé dans les cellules par les ventilateurs. La technique pour réchauffer l'air est très simple. La chaleur du circuit de refroidissement du moteur thermique de la centrale et des gaz d'échappement chauffent de l'eau dans un circuit fermé. Elle circule à 84 °C dans des conduites isolées afin de limiter les pertes calorifiques. Les tuyaux traversent la stabulation pour atteindre le bâtiment de stockage. Deux échangeurs thermiques par cellule réchauffent l'air à 60 °C. Chaque échangeur a un débit maximal de 12 500 m3/h. Selon l'hygrométrie dans l'air ambiant et le volume de fourrage à sécher, un des deux peut être mis hors tension.

La quantité d'air chauffé représente 20 % de l'air total soufflé dans la cellule par le ventilateur. Mélangé à un air ambiant de 20 °C, la température de l'air pulsé est d'environ 28 °C. « Avec seulement 3 à 4 °C supérieurs à l'air ambiant, on évapore le double de quantité d'eau contenu dans le foin », précise Isabelle Forgue, conseillère à la chambre d'agriculture du Doubs. « En apportant de la chaleur, on divise par deux, voire trois le temps de séchage », continue René. En période de séchage, une partie du bardage du toit est démontée pour évacuer rapidement l'air humide.

Air ambiant + pompe à chaleur. Les deux autres cellules utilisent l'air ambiant et une pompe à chaleur. Le Gaec a investi dans ce système de déshumidificateur en 2003 après un sinistre qui a détruit la totalité du bâtiment. Ce système est utilisé lors des périodes pluvieuses. « A nos altitudes, il peut vite arriver un orage. L'hygrométrie de l'air rend alors le séchage plus difficile », précise l'éleveur. Cette pompe sèche l'air avant de le pulser dans les cellules.

Le volume total des quatres cellules est de 3 500 m3, dont trois de 850 m3 et une de 1 000 m3. Les cellules sont équipées de ventilateurs de 75 000 m3/h ou de 55 000 m3/h. René contrôle l'hygrométrie en entrée de la cellule et sur le tas à l'aide d'une sonde électronique. Cette technique simple permet de vérifier si le tas de fourrage est sec. Si la surface du tas n'est pas homogène, les agriculteurs le déplacent à l'aide de la griffe afin de bien sécher toute la cellule. « Ce n'est pas parce que nous avons du matériel récent et performant qu'il ne faut plus surveiller. C'est l'avancée du séchage qui décide si l'on peut continuer a faucher », notifie René. Selon la capacité du séchoir, il faut faucher raisonnablement. Une fois les 80 % de matière sèche atteints, l'évolution de la plante est stabilisée et l'énergie est bloquée. Il n'y a plus de risque de moisissures ou de fermentation. La période qui suit consiste à ventiler et à descendre le taux d'humidité à 15 %.

PERFORMANCES HUMAINES ET ANIMALES

Pour les éleveurs du Gaec de l'Aurore, le séchage apporte plusieurs avantages économiques, sociaux et matériels. Que ce soit pour le troupeau laitier, les animaux présents pour le renouvellement mais également pour la vie au sein du Gaec.

L'énergie et les protéines contenues dans le foin et le regain permettent de faire des économies sur les coûts de concentrés. En production de lait à comté, les éleveurs ont le droit de distribuer au maximum 1 800 kg de concentrés par an et par vache. « Cet hiver nous en avons encore économisé 2 kg par vache et par jour. Nos jeunes bovins âgés de plus de 6 mois reçoivent uniquement du foin et pas de concentrés, ce qui nous permet encore de faire des économies », se félicite René. Un fourrage de base de qualité est gage de santé animale et diminue ainsi les frais vétérinaires.

Cette qualité améliore le côté psychologique de l'éleveur. Selon les agriculteurs, avec une bonne ration, il est plus facile d'être bon et performant dans son travail et l'ambiance entre associés ne peut être que meilleure. Le séchage renforce la santé des animaux et l'état d'esprit des éleveurs.

Le méthaniseur a permis de créer un atelier supplémentaire, avec la production de légumes et la vente directe. Cet atelier a généré l'installation d'une personne de plus sur l'exploitation. Pour le séchage, seul l'investissement dans la tuyauterie et des échangeurs était nécessaire. La chaleur provient uniquement du moteur. « Elle nous garantit une bonne qualité de fourrage, même pendant les années humides », constate l'agriculteur.

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