Trois opérations en une Patrick Losmède incorpore du lisier et désherbe en semant le maïs
Patrick Losmède a conçu un ensemble lui permettant de réaliser trois opérations en une.
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Patrick Losmède n'est pas un inconnu de nos colonnes. Dans La France Agricole du 13 avril 2012 (n° 3431), il nous avait présenté un automoteur de sa conception lui permettant d'enfouir ses apports d'azote en postsemis de maïs. Une opération réalisée avec la fraction liquide du lisier provenant de son atelier de gavage de canards.
Nous le retrouvons aujourd'hui pour une nouvelle innovation. « Jusqu'à présent, j'apportais une partie de ma dose d'engrais en localisé au moment du semis, explique l'agriculteur. Toujours dans l'optique de diminuer ma facture d'engrais, j'ai imaginé un ensemble permettant non seulement de localiser cette fraction liquide du lisier au semis du maïs mais aussi de désherber sur la ligne. »
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Resserrer l'interrang
Quitte à innover, autant ne pas faire les choses à moitié. Patrick a donc profité de la création de son ensemble pour resserrer son interrang. « En rapprochant les rangs, je peux diminuer ma dose d'herbicide et mes pertes d'eau par évaporation. Concrètement, sur 12 ha cela représente 90 rangs en plus, explique Patrick.
La combinaison de cette technique avec le désherbage en ligne et l'apport d'azote en localisé me permet d'obtenir un effet parapluie rapide du maïs. Cette couverture rapide du sol bloque le développement des adventices et limite l'évaporation de la ressource en eau. »
Localisation. A l'avant du tracteur, Patrick Losmède a fixé la cuve de l'équipement de désherbage localisé.
Capacité. Sur la plate-forme du tracteur, l'agriculteur a adapté une cuve de 2.500 l pour contenir le jus de lisier qu'il localise.
Pour ce faire, Patrick a donc modifié son semoir sept rangs afin d'obtenir un écartement de 68 cm, « le plus faible possible avec cet appareil », ajoute-t-il. Il a ensuite adapté l'équipement de localisation du lisier. « J'ai installé sur le semoir une pompe péristaltique John Blue. Elle est entraînée par la transmission du semoir avec un réglage de 0,3 l de liquide par tour de roue, soit 440 l/ha de jus de lisier », explique l'agriculteur.
Il a ensuite adapté un injecteur derrière la sortie de chaque élément semeur. « Celui-ci place le lisier dans la ligne avant la fermeture du sillon, de manière à bien imbiber les graines. Ceci procure un effet humidifiant qui favorise le contact terre-graine. De plus, le lisier de canard présente la particularité d'être composé de bactéries permettant une mise à disposition rapide de l'azote », complète l'exploitant.
100 heures de travail
Patrick s'est ensuite affairé au montage de l'équipement de désherbage localisé. « J'ai opté pour une pulvérisation Startec dotée de huit sorties. J'ai condamné la huitième sortie afin d'en faire une prise pour un manomètre visible depuis la cabine du tracteur », précise l'agriculteur.
Au bout des sept autres, on retrouve des buses miroirs fonctionnant à une pression de 2 bars. Elles sont montées sur des supports réglables à l'arrière du semoir. Le dispositif intègre une régulation DPAE. « La prise de vitesse s'effectue en bout d'arbre de transmission du semoir », indique l'exploitant.
Lisier. Patrick Losmède a installé sur le semoir une pompe péristaltique John Blue.
Enfouissement. En 2012, Patrick Losmède avait déjà conçu un automoteur pour enfouir l'engrais postérieurement au semis.
« J'ai également installé un interrupteur qui coupe automatiquement la pulvérisation lorsque le semoir est levé. » La pompe de pulvérisation est quant à elle à entraînement électrique. « Avec ce système je pulvérise un antigerminatif associé à du glyphosate à une dose de 80 l/ha », précise Patrick.
Patrick Losmède a vu plus loin que la simple adaptation de son semoir. Il a cherché à concevoir un véritable automoteur. Ainsi, Il réalise ses semis avec un tracteur porte-outils de type Mercedes MB Trac à l'avant duquel on retrouve la cuve pour le désherbage. Sur la plate-forme, l'agriculteur a adapté une cuve de 2.500 l pour contenir le jus de lisier qu'il localise.
« Cette cuve provient d'un pulvérisateur Berthoud, explique-t-il. J'ai entièrement conçu le châssis permettant de la fixer sur le tracteur. » Au final, notre agriculteur aura consacré environ 100 heures pour concevoir (réflexion et fabrication) cet ensemble pour un coût, hors tracteur et semoir, de 4.400 euros.
Des modifications en cours sur d'autres outils
Le resserrement de l'interrang entraîne des modifications sur d'autres matériels. Ainsi, l'automoteur servant à l'injection de l'engrais postsemis a vu ses dents d'enfouissement replacées au nouvel écartement.
Patrick Losmède est en train d'adapter un cueilleur à maïs. « Je l'ai complètement démonté pour le remettre au bon interrang, explique l'agriculteur. J'en profite pour l'améliorer dans le même temps. Je pare ainsi la vis sans fin d'une fine tige de fer dans le but de la protéger de l'usure mais aussi dans un souci de préservation des grains récoltés.
Je modifie également les capots. D'origine, ceux-ci sont plats sur leur partie supérieure, ce qui crée une latence des épis de maïs et par conséquent de la perte. J'ai donc créé sur chacun d'entre eux une crête qui supprime cet effet négatif. »
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