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Il veut maintenir son étable entravée Il veut maintenir son étable entravée

Pour Willy Auvrouin, son élevage traditionnel est adapté à son territoire.

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Willy Auvrouin, originaire de Normandie, a adopté sans réserve l'Aubrac, pays de son épouse. En 2011, il a repris la suite de ses beaux-parents à Saint-Chély-d'Aubrac : « J'élève une quarantaine de vaches aubrac suitées sur 67 hectares tout en herbe. » En ce début de printemps, il détache tous les matins ses vaches aux cornes en forme de lyre abritées dans sa stabulation entravée. Les veaux rejoignent un parc à proximité de l'étable tandis que les vaches retrouvent pâture et taureau charolais.

DES ANIMAUX DOCILES

« Ici, il y a trop de pente pour avoir de grands espaces plats pour les périodes de saillies. Nous faisons donc trois lots. L'attache et la détache puis le chemin vers les pâtures nous prend une heure le matin et autant le soir. Mais cela ne dure que huit semaines, le temps de la transition entre foin et herbe. A partir du 25 mai c'est la montée en estive. »

Dans les prés qui verdissent à peine, les animaux ne sont pas farouches. « C'est grâce à notre système d'élevage », souligne Willy Auvrouin, qui pratique comme son beau-père et son père avant lui. « Nous avons trois îlots de pâture séparés de 15 kilomètres, dont une montagne à 1 400 mètres pour l'estive. » Leur pic de travail tombe au début du printemps, entre fin du vêlage, travail sur les clôtures, épandage du lisier « artisanal » et ensuite fenaison. « Quand la nature se met en ébullition, les journées sont longues. Mais nous arrivons à sortir un Smic et demi les années sans mauvaise surprise. » Si Willy, membre actif des Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron, justifie en permanence l'équilibre économique et environnemental de sa conduite aussi traditionnelle que pointue de troupeau, c'est parce qu'il craint l'interdiction de l'élevage en stabulation entravée, un non-sens économique et environnemental dans son cas précis : « Ce sera le cas en agriculture biologique à la fin de l'année 2013. Pourtant, il n'y a pas plus respectueux de notre territoire que notre système à la fois économique et cohérent : un veau par vache et par an, pas de frais vétérinaires ou le strict minimum, une alimentation produite sur l'exploitation, zéro culture vu la forte pente. Tous les trois ans, nous achetons un camion de paille qui vient à plus d'une heure de route. C'est grâce aux éleveurs de l'Aubrac que cette montagne bien entretenue voit défiler tant de randonneurs et pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. »

LE JUSTE ÉQUILIBRE

A l'automne, les broutards croisés sont vendus en Italie. Les vaches rentrent à l'étable, un bâtiment soigneusement entretenu qui date de 1968 : dans la partie au plafond bas, elles sont attachées aux auges cerclées de bois. Un racloir recouvert de grilles récupère les déjections qui composeront ce que Willy appelle son lisier artisanal. « Sur les pâtures au printemps, il n'y a pas meilleur starter. S'il fallait construire une stabulation libre et paillée à la place de la nôtre, je devrais voir plus grand, avoir davantage de vaches, récupérer des hectares dans un endroit où les terres, malgré les cailloux, s'arrachent à prix déraisonnables, importer de la paille. Et composter deux ans le fumier avant de l'épandre. Le travail serait peut-être moins physique grâce à la mécanisation mais à quel prix ? Pour l'instant, l'hiver, on ne sort même pas le tracteur. Pourquoi remettre en cause un système qui nous va bien ? » Si, un jour, il recherche davantage de revenu, il songera au tourisme : « Les randonneurs passent tous les jours au bout de notre chemin. »

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