« J'ai gagné au change » « J'ai gagné au change »
Après douze ans de recul, Sylvain Delahaye estime avoir gagné sur plusieurs tableaux (matière organique, charges, revenu...).
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« En semis direct, il n'y a jamais de vitesse de croisière. Il ne faut pas envisager le sol comme un support, mais comme un monde vivant, donc complexe. Mais j'ai retrouvé la passion du métier », assure Sylvain Delahaye, agriculteur à Lyons-la-Forêt, dans l'Eure. Au sein du Gaec Delahaye, les tâches sont bien séparées : Sylvain est responsable des cultures et son frère, Eric, du troupeau laitier. Leurs fermes respectives sont distantes de quelques kilomètres.
Installé en 1980, Sylvain a d'abord utilisé le labour et les techniques classiques de préparation du sol dans ses terres limoneuses ou limono-argileuses. Mais malgré l'apport régulier de fumier, le taux de matière organique stagnait à 1,7-1,8 %. En 1992, il constate que ses voisins ont arrêté le labour pour adopter les techniques culturales simplifiées. Il décide en 1996 de franchir le pas. « J'ai un peu copié ce qu'ils faisaient », avoue-t-il. Un chisel effectue d'abord le déchaumage, puis un décompacteur remplace la charrue. Le semis est ensuite réalisé en un seul passage avec herse rotative et semoir. « Cette technique a fait remonter beaucoup de cailloux dans les limons argileux et accéléré l'usure des outils à dents, explique Sylvain. Elle consomme autant de puissance que les techniques classiques, ne réduit pas les frais de mécanisation, ni le temps de travail. Elle a tendance à salir les sols et réduit les fenêtres de semis. Au bout de quatre ans, je n'étais pas convaincu. »
TECHNIQUES BRÉSILIENNES
Le doute commence même à s'installer après un hiver 2000-2001 très humide et des semis de blé qui se terminent fin février : « Faut-il revenir à la charrue ou aller plus loin ? » s'interroge-t-il alors. Après avoir discuté avec des groupes d'agriculteurs de Touraine et des experts en agronomie, il décide de s'inspirer des techniques brésiliennes de semis direct sous couvert végétal. Il fait l'acquisition d'un semoir Semeato TDNG 420 de 4,50 m de large et applique la méthode à la totalité de l'exploitation avec l'appui d'Alfred Gässler, importateur du matériel.
« C'était une source de motivation, avec la nécessité de réussir car il faut bien alimenter le troupeau laitier », se souvient Sylvain. En 2003, le matériel est complété par un semoir monograine Semeato SPE 06 pour le maïs. Fini le déchaumage et la préparation du sol ! Douze ans après, la méthode est toujours la même. « La structure du sol s'est améliorée. La quantité de vers de terre a été multipliée par cinq. Le taux de matière organique est monté à 2,5 % et il n'y a plus d'érosion lors des fortes pluies », constate-t-il. Les rendements sont équivalents à ceux obtenus avec le labour.
ROTATION ET INTERCULTURES
La réussite du système repose sur la rotation, la couverture du sol par les intercultures et l'association des espèces. L'exploitation alterne pois (ou féverole)/colza/blé/maïs/blé/lin. Le colza est semé en association avec la féverole de printemps pour limiter les adventices. Les repousses de colza sont éliminées par désherbage (0,8 l de glyphosate et 5 g d'Allié) avant le blé. Entre le blé et le maïs, un mélange féverole d'hiverseigle-vesce est destiné à l'ensilage ou détruit en fonction de la météo et de la pousse.
Pour le blé, l'agriculteur associe au moins trois variétés ayant des résistances complémentaires : Korelli pour les maladies du pied, Atlass pour la septoriose et Barok pour la fusariose. Avec des traitements à bas volume, l'objectif est d'utiliser moins de fongicides afin de ne pas détruire les champignons du sol. « Il faut remettre le sol au centre des préoccupations, préconise Sylvain Delahaye. Il n'a jamais été assez étudié en tant qu'espace vivant. »
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