« C'est la pousse de l'herbe qui nous gu « C'est la pousse de l'herbe qui nous guide pour la conduite du pâturage »
Les 130 normandes du Gaec de Marsoulette pâturent 58 ha des prairies, divisés en 18 parcelles.
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Ce 4 avril, les vaches du Gaec de Marsoulette n'avaient pas encore mis le nez dehors. Et pour cause : les sols étaient tout juste ressuyés à La Cochère, dans l'Orne, et Météo France annonçait 5 à 10 cm de neige. « Nous sortirons le troupeau dès que les sols seront portants, assure Jean- Marie Lenormand, un des associés du Gaec. Habituellement, la mise à l'herbe a lieu le 20 mars. En 2011, c'était le 12 février, un record que nous ne sommes pas près de battre. » L'exploitation couvre 282 ha et compte trois sites. Les associés – Jean- Marie, son épouse Marie-Christine, Stéphane de Stoppeleire et Christian Nogues – en réservent un au logement et au pâturage des vaches.
UN PREMIER TOUR POUR LE DÉPRIMAGE
Ce n'est pas parce qu'il travaille en agriculture biologique que le Gaec a opté pour le tout-herbe. Ce choix date de 1991, sept ans avant la conversion. « Les rendements en maïs ensilage ne dépassaient pas 12 t de matière sèche par hectare, justifie Jean-Marie. Cela nous a conduits à reconsidérer la place de l'herbe. Pour le pâturage, notre système est calé sur les 58 ha de ray-gras anglais et trèfle blanc (RGA-TB) disponibles autour de la stabulation. Cette surface est divisée en 18 parcelles d'environ 3 ha. »
À la première sortie, il y a encore peu d'herbe. Les vaches ne sortent que le jour. Elles dépriment les 18 parcelles et restent entre 1 et 1,5 jour sur chacune d'elles. Ce premier tour de piste dure un mois. Il se termine vers le 20 avril, date à laquelle les laitières restent au pré nuit et jour. « A ce moment-là, nous ensilons et nous fermons le silo, poursuit Jean-Marie. En deux jours, nous récoltons les 80 ha de ray-grass hybride et trèfle violet qui entrent dans la rotation avec les cultures de vente et qui sont implantés sur les deux autres sites de la ferme. »
À cette période, la pousse de l'herbe suffit normalement pour que les vaches restent 2,5 jours sur chaque parcelle. « C'est elle qui nous guide, insiste Jean-Marie. Je fais régulièrement un tour dans les parcelles pour estimer le stock sur pied et, si nécessaire, en sortir une de la rotation pour l'enrubanner. Il faut se décider rapidement sous peine d'avoir des refus et moins de lait. »
TENIR LE RYTHME DE 2,5 JOURS PAR PARCELLE
La fauche a lieu le jour même. Une entreprise vient enrubanner deux jours plus tard. Le fourrage ainsi récolté s'ajoute aux deux coupes réalisées sur 8 ha de ray-gras hybride et trèfle violet implantés sur les autres sites. Il est utilisé quand la quantité d'herbe est moins importante, à partir du 15 juillet en général. Par exemple, lorsque l'herbe est rase au bout de deux jours passés sur une parcelle. « Nous n'hésitons pas à complémenter le troupeau en stabulation pour maintenir notre temps de séjour à 2,5 jours par parcelle, insiste Jean-Marie. Cela évite que les vaches piétinent le couvert et compromettent la pousse ultérieure. Nous agissons de même lors d'un épisode pluvieux. Nous distribuons l'enrubannage à l'auge avec le concentré fermier et du foin. Nous levons le pied dès que la pousse reprend ou que les sols sont portants. L'avantage de l'association RGA-TB par rapport à un ray-grass pur est que la végétation redémarre tout de suite après la pluie. » À l'inverse, s'il y a des refus au bout de deux jours, les vaches accèdent à une nouvelle parcelle mais font un retour en arrière la nuit suivante pour finir leurs restes.
Pour renouveler les prairies, le Gaec a opté pour le sursemis plutôt que de les retourner. Chaque année, un tiers des 58 ha consacrés au pâturage est sursemé avec 15 kg de RGA et 3 kg de TB. Pourquoi tous les trois ans ? « À force d'expérience, résume Jean-Marie. Un RGA tient en place cinq ans. Avec le sursemis fin août-début septembre, on ne voit pas grand-chose l'année suivante. Il faut attendre encore un an pour apercevoir le jeune ray-grass. »
Il manque encore une dizaine de vaches au Gaec pour produire son quota (900 000 l). « Ce sera bientôt chose faite, estime Jean-Marie. Maintenant que nous sommes en régime de croisière, nous allons travailler sur notre coût de production. Nous voulons progresser sur la qualité de l'herbe pour distribuer moins de concentrés. »
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