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Egalité et responsabilités Egalité et responsabilités

Nathalie Marchand a toujours voulu être agricultrice et avoir droit à la décision.

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«Je suis issue du milieu agricole. J'ai toujours voulu exercer métier mais sans être dans l'ombre, comme l'était ma mère et toutes ces femmes que je respecte et qui n'étaient pas reconnues. C'est un très beau métier si on a droit à la décision. »

Nathalie Marchand est associée avec son époux Philippe, à Noyalsur-Vilaine (Ille-et-Vilaine), depuis 1998. « Mon mari s'est installé en 1989 sur l'exploitation de ses parents. Après mon BTS et un détour par la grande distribution, je suis revenue à la ferme, d'abord comme conjointe, le temps de la naissance de nos trois enfants. Quand l'exploitation d'en face s'est libérée, nous avons créé une SCEA pour l'activité porc et une EARL pour les céréales. Nous exploitons 90 hectares et nous avons eu jusqu'à 165 truies. L'extension de la ligne LGV a impacté notre plan d'épandage, nous obligeant à redescendre à 100 truies et à perdre 30 000 euros de marge brute. Nous avons envisagé que je reprenne une activité extérieure. Cela aurait été un échec pour nous deux. Je ne suis pas une « bouche-trou. » Cela ne correspond ni à nos souhaits ni à nos récents engagements professionnels. Nous avons fait la mise aux normes bien-être avec « Le bon coin » (c'est-à-dire de l'occasion). »

DES RÈGLES PRÉCISES

Dès son installation, elle a fait part et statut égaux avec son mari. « Nous sommes capables de nous remplacer à tous les postes dans l'élevage de porc. Il s'occupe davantage de la partie céréale. Moi je m'investis dans l'organisation de l'élevage et la comptabilité analytique. » Au sein de leur SCEA, les époux Marchand se sont fixé quelques règles : signature à deux au-delà de 5 000 euros, pas de remise en cause du travail accompli par l'autre en son l'absence, consignes transmises par écrit, être joignable à tout moment. « Nous tenons nos assemblés générales, rédigeons des comptes-rendus. »

La plus grosse frustration professionnelle de Nathalie est de n'avoir pas pu opter pour le Gaec entre époux, qui était interdit lors de son installation. « Son autorisation en 2011 a été un grand pas pour les jeunes agricultrices. Pour nous, l'absence de la transparence accordée aux seuls Gaec est une perte sèche minimale de 8 000 euros chaque année. »

Nathalie et Philippe Marchand veillent à respecter scrupuleusement les règles de droit pour éviter toute ambiguïté, au cas où leur exploitation viendrait à cesser. Lorsqu'ils ont construit un bâtiment, Philippe a cédé la propriété de la parcelle à la SCEA. « Le dicton dit "l'amour rend aveugle, le mariage lui rend la vue". Nous disons "le mariage rend aveugle. La création d'une société lui rend la vue." Il n'y a pas davantage de danger à travailler en couple en agriculture si on a juridiquement protégé sa vie d'agricultrice et d'épouse. »

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