Tester des techniques d'élevage « avant- Tester des techniques d'élevage « avant-gardistes »
A deux pas de Limoges, l'établissement des Vaseix apprend aux futurs éleveurs à optimiser la gestion de l'herbe et des pâturages.
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Sur les quelque 700 élèves du lycée agricole des Vaseix, de la seconde à la licence professionnelle, près de la moitié suit une filière purement agricole. Dans la capitale du Limousin, on retrouve sans surprise des jeunes passionnés d'élevage. Au pied des bâtiments colorés des salles de classe, commence l'exploitation agricole du lycée, qui s'étale sur 300 hectares de prairies. Un support pédagogique de choix, qui accueille plusieurs troupeaux : une centaine de vaches limousines, 300 brebis vendéennes, 75 truies en système naisseur-engraisseur et quelques spécimens de la race cul noir limousin, « tous vendus sous signe officiel de qualité », annonce fièrement Jean-Louis Vergne, le directeur de l'exploitation. A la moindre occasion, les élèves viennent y faire leurs travaux pratiques : écornage, agnelages, mesures de pousse de l'herbe... et apprennent des techniques innovantes de gestion des prairies. A l'exception d'une vingtaine d'hectares de céréales autoconsommées, tout est en prairies, dont la moitié de permanentes. Quand on lui demande si l'herbe est un sujet porteur sur lequel se concentrer, l'enseignant Gilles Vergonzanne s'anime : « Non seulement ce n'est pas ringard, mais c'est même avantgardiste ! Depuis cinq ans, nous avons lancé plusieurs expérimentations, et il reste encore beaucoup de choses à approfondir », complète le professeur de zootechnie.
NOUVELLES MÉTHODES
La ferme du lycée a réussi le pari d'améliorer l'autonomie alimentaire des troupeaux, particulièrement en protéines : mesurée par la part de la viande produite par les ressources internes par rapport aux achats, l'autonomie alimentaire des ovins a progressé de 15 % en 5 ans, pour atteindre 85 %. Comment ? « Nous sommes passés de prairies de graminées de 3 à 6 ans, à des prairies de mélanges de graminées et légumineuses de moyenne à longue durée », explique le directeur d'exploitation. La ferme de l'école des Vaseix a aussi revu la gestion des pâturages en osant des méthodes nouvelles. D'abord le pâturage hivernal exclusif des brebis, inspiré de l'expérience de la ferme du Mourier de l'Institut de l'élevage qui minimise les apports de foin. Ou encore la lactation des brebis à l'herbe à l'automne, ou la méthode de pâturage cellulaire, copiée sur la Nouvelle-Zélande. « Nos méthodes peuvent choquer les autres éleveurs et, au début, on est seul, mais ce sera courant dans dix ans », parie Olivier Mathieu, professeur d'agronomie. Les bovins, eux, expérimentent depuis trois ans le parc stabilisé d'hivernage. Les prairies font l'objet d'un suivi minutieux et de relevés de pousse d'herbe dans le cadre du programme régional « herbe et fourrage ».
GÉNÉRATION 2020-2040
L'exploitation s'inscrit dans le territoire : « Nous sommes en lien avec des professionnels et la recherche », explique Olivier Mathieu. Et les jeunes semblent avoir retenu la leçon. « Pour moi, la vache est la valorisation de l'herbe et du foin », résume Louise Dauvergne, en dernière année de BTS production animale, enchantée à l'idée de reprendre l'exploitation familiale d'élevage bovins et de maraîchage. « L'herbe c'est la ressource qui coûte le moins cher, on nous l'a souvent répété ! », appuie son camarade Aurélien Desroches, qui aimerait bien un jour lui aussi s'installer. Pour Aurélien et les autres jeunes de l'établissement, « les rations simples et systématiques à base de produits standards ou d'ensilage de maïs, ce n'est pas aussi exclusif, affirme Gilles Vergonzanne. Bien gérer l'herbe pour baisser ses coûts de production oblige à être bon techniquement. » Economique et écologiquement intensive, la formule séduit en tout cas les élèves, qui veulent passer plus de temps à la ferme : la fréquentation aurait augmenté de 30 % depuis 2008, estiment les professeurs. Les enseignants sont convaincus que la meilleure chose qu'ils puissent transmettre à leurs élèves est une boîte à outils et une ouverture d'esprit : « Nous formons la génération qui sera aux commandes de 2020 à 2040 ; elle vivra les effets du changement climatique et la nécessaire conversion énergétique. Elle devra en outre savoir communiquer, aux plus anciens comme aux citadins », explique Gilles Vergonzanne, confiant dans ses jeunes : « Je les trouve plus ouverts qu'il y a dix ans, plus aptes à la remise en cause. »
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