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Des conduites alimentaires innovantes Des conduites alimentaires innovantes

Remplacer le tourteau de colza par de la luzerne enrubannée améliore la marge par taurillon alors que l'ensilage de sorgho BMR n'égale pas les performances du maïs.

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Gagner quelques points de marge sur le poste alimentation, c'est possible. « Les solutions varient selon le contexte des exploitations », prévient Didier Bastien, de l'Institut de l'élevage. Les ingrédients et notamment les fourrages utilisés dans la ration ont un prix d'intérêt lié au potentiel pédoclimatique de chaque exploitation. Dans des zones moins favorables au maïs, les céréales peuvent apporter une certaine sécurité alimentaire. Certaines régions peuvent bénéficier d'opportunités d'achats de coproduits intéressantes. « Les chiffrages sont à effectuer au cas par cas, avec des gains pouvant être conséquents », ajoute-t-il.

L'Institut de l'élevage a testé l'utilisation d'ensilage de sorgho BMR à la place de l'ensilage de maïs et le remplacement de tourteau de colza par de l'enrubannage de luzerne dans les rations à base de blé. Voici les premiers résultats.

De la luzerne comme seul complémentaire protéique. Les premiers résultats des essais réalisés avec de l'enrubannage de luzerne dans une ration à base de blé, sur des lots de 12 taurillons, sont encourageants. Distribué à la place du tourteau de colza, il améliore la marge (voir le bilan ci-dessous). « Au départ, nous avons distribué 3 kg de luzerne aux taurillons mais nous avons été surpris de constater qu'ils n'en consommaient que 2,6 kg », explique Alain Guillaume, du pôle herbivore des chambres d'agriculture de Bretagne. Du coup, le ratio PDI/UF visé, entre 100 et 105, n'est pas atteint. » Il s'établit à 92. « Mais cela n'a pas pénalisé les croissances. Elles sont comparables pour les deux lots. Elles atteignent 1 448 g/jour avec la luzerne, contre 1 405 g/j pour le lot "tourteau de colza". » Il n'y a pas de différence non plus au niveau des carcasses. Conformation, rendement et couleur sont proches.

L'indice de consommation est meilleur en revanche pour la ration « luzerne ». Les animaux ont utilisés 6,48 UFV par kg de poids vif. Avec la ration « tourteau de colza », ils ont ingéré 7,11 UFV/kg de poids vif.

Sur le plan économique, le bilan est largement favorable à la luzerne. Le coût alimentaire atteint 210 € par animal, contre 339 € dans le cas du tourteau de colza. « C'est lié à la quantité de concentrés azotés distribuée, explique Alain Guillaume. Le tourteau de colza représente une dépense de 148 € par jeune bovin (350 €/t). La luzerne revient à 60 € par animal avant les coûts de transport et de distribution. La culture récoltée en enrubannage est coûteuse à mettre en place, avec des charges opérationnelles de 1 313€/ha. Mais 4,6 ares seulement sont nécessaires pour produire un taurillon. La semence peut paraître chère mais c'est une charge à répartir sur au moins quatre ans.

UNE MARGE SUPÉRIEURE

« La ration "luzerne" est aussi moins gourmande en complément minéral vitaminé grâce en partie à la richesse de la plante en calcium. Et il est possible de faire l'impasse sur le bicarbonate », assure Alain Guillaume. Cela représente une dépense en moins de presque 20 €/tête. « Et avec la luzerne, nous améliorons l'autonomie en paille », signale-t-il.

Le système blé + luzerne est toutefois plus exigeant en surface. Sur la ferme expérimentale de Mauron, avec des rendements en blé de 70 q/ha, il faut compter 20 ares de blé par jeune bovin pour le lot témoin. Avec la luzerne, ce sont 26,1 ares qui sont monopolisés (21,5 pour le blé et 4,6 pour la luzerne). A surface égale, la marge par jeune bovin reste à l'avantage de la luzerne. Elle est 25 % supérieure à celle du « tourteau de colza ». « Une répétition de l'essai est en cours et les premiers résultats tendent à confirmer ceux du premier essai », conclut Didier Bastien, de l'Institut de l'élevage.

Du sorgho fourrager de type BMR à la place de l'ensilage de maïs. L'intérêt par rapport à l'ensilage de maïs n'a pas été démontré. L'indice de consommation mesuré à Mauron est plus élevé au cours des deux années de tests avec des animaux nourris avec de l'ensilage de sorgho à volonté. (La complémentation dans les deux cas comprend 2 kg de céréales et 1,2 kg de tourteau de soja.) Les rendements sont à chaque fois inférieurs, de l'orde de 20 à 25 %, à ceux de l'ensilage de maïs. A la ferme de Jalogny (Saône-et-Loire), les croissances et l'indice de consommation mesurés lors de la distribution de l'ensilage de sorgho à volonté sont plus proches de ceux de l'ensilage de maïs, mais la ration était davantage complémentée. Avec un ensilage mixte sorgho x maïs, les résultats zootechniques sont comparables à ceux d'un ensilage de maïs seul. Avec un climat plus chaud, plus favorable à la culture du sorgho, les résultats seraient peut-être différents.

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