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Transmission-reprise Le défi du renouvellement de générations (22-02-2013)

En attendant la future loi d'avenir, les initiatives se multiplient pour encourager la relève.

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Parce qu'elle consacre la fin d'une carrière autant qu'une arrivée dans le métier, la transmission d'exploitation est un sujet primordial pour l'avenir de nos campagnes.

A plus forte raison dans un contexte de chute démographique : une exploitation sur quatre a disparu entre les deux derniers grands recensements nationaux, en 2000 et 2010.

Deux installations pour trois départs

 

Le défi du renouvellement des générations s'impose au monde agricole. « La part des chefs d'exploitation et coexploitants de plus de 60 ans est passée de 15 % en 1988 à 20 % en 2010, tandis que celle des moins de 35 ans tombait de 19 à 12 % », notent les sociologues Bertrand Hervieu et François Purseigle dans leur dernier ouvrage (1).

 

Un vieillissement qui touche principalement « les régions de grandes cultures périurbaines de Bassin parisien ou des départements comme la Gironde ou ceux du littoral méditerranéen fortement urbanisés ». Selon les prévisions de l'Insee citées, « l'agriculture est, après l'énergie, le secteur qui perdra le plus d'effectifs d'ici à 2020 ».

Les départs. « En 2011 , 18.800 chefs d'exploitation ont cessé leur activité et fait valoir leur droit à la retraite », détaille la MSA.

Ils étaient près de 20.000 l'année précédente. Au vu de la pyramide des âges, la perspective des dix années à venir interpelle : la moitié des chefs d'exploitation en exercice devraient partir à la retraite.

Problème : 60 % des exploitations concernées (celles dont le chef d'exploitation est âgé de plus de 50 ans) n'ont pas de repreneur connu. Un chiffre inquiétant quand on sait la nécessité d'anticiper un passage de relais en agriculture.

Les arrivées. L'amélioration du « taux de renouvellement des générations en agriculture » constatée ces dernières années par l'Observatoire national de l'installation et de la transmission (61 % en 2010, contre 56 % en 2009 et environ 40 % auparavant) ne suffi t pas à enrayer le recul démographique.

Avec 12 600 nouveaux installés en 2011, tous âges confondus, on compte deux installations pour trois départs.

Par ailleurs, les derniers chiffres de la MSA confirment les disparités géographiques : dynamisme des installations dans l'Ouest, malgré quelques baisses, progression dans le Nord-Pas-de-Calais, en Bourgogne ou dans le Rhône-Alpes, recul dans la Région Paca, le nord de l'Auvergne...

Motiver les jeunes

Au renouvellement des générations s'ajoute un nouveau défi : faciliter des transmissions de plus en plus complexes. Le modèle traditionnel de reprise d'exploitation au sein d'une même famille s'efface, à mesure que les jeunes qui ne viennent pas du milieu agricole pénètrent le secteur.

Si cette variété de profi ls enrichit le monde agricole, « on assiste à une multiplication des statuts et des modalités de transmission », note le Centre d'études et de prospective du ministère de l'Agriculture (2).

Rencontres. Les nouveaux venus ont besoin d'être guidés. Partout en France, les agriculteurs organisent des « forums installationtransmission » ou animent des « répertoires départementaux à l'installation » (RDI), pour faciliter les rencontres entre futurs cédants et repreneurs potentiels.

Dans certains départements, des Points info transmission sont mis en place sur le modèle des Points info installation (PII) pour accompagner les porteurs de projets.

En Lorraine, où la moitié des agriculteurs ont plus de 55 ans, on réfl échit à des « tutorats » pour des hors-cadres familiaux.

Aides publiques. Les pouvoirs publics ont aussi leur rôle à jouer pour encourager les jeunes à s'installer. Dans les années 2000, ils ont modernisé les outils d'aide existants : augmentation de la DJA et des prêts bonifiés, hausse de la limite d'âge pour pouvoir en bénéficier…

En 2009, le parcours à l'installation a été rénové pour offrir un accompagnement personnalisé des projets. L'effort doit être poursuivi. A ce titre, les Assises de l'installation qui se déroulent cette année sont porteuses d'espoir. Leurs conclusions sont attendues dans la future loi d'avenir, à la fin de 2013.

(1) Sociologie des mondes agricoles, de Bertrand Hervieu et François Purseigle, 2013.

(2) « Le monde agricole en tendances », Centre d'études et de prospective du ministère de l'Agriculture, 2012.

Les exploitations s'agrandissent

Face au repli démographique des agriculteurs et vu l'« explosion » des formes sociétaires survenue ces dernières années, les exploitations sans repreneur connu aujourd'hui ont de fortes chances d'aller à l'agrandissement demain. Surtout, les plus petites…

Une tendance qui confirmerait la restructuration de la « ferme France » : selon le dernier recensement national (2010), la superficie moyenne exploitée a pris 13 ha en dix ans, passant de 42 à 55 ha.

Une structure sur trois est aujourd'hui une grande exploitation et les petites (production brute standard inférieure à 25.000 euros) ne constituent plus que 36 % du total, alors qu'elles en représentaient encore 42 % en 2000.

Par ailleurs, selon une étude APCA-MSA (1), environ 50 % des chefs d'exploitation augmentent leur surface dans les cinq ans qui suivent leur installation et « un agrandissement de l'ordre de 15 à 20 % est observé en moyenne ».

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(1) Chambres d'agriculture n° 1013, juin 2012.

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